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d’Oran. La rivière du Sig, dont le débit moyen ne dépasse pas en été 200 litres, subit des crues momentanées qui l’élèvent à 200 mètres cubes par seconde. Le barrage, en prévenant les effets de ces inondations, retient les eaux d’hiver dans un réservoir d’une contenance de 4 millions de mètres cubes. Au moment venu, ces eaux, qui auraient causé un désastre, deviennent un bienfait, et redonnent de la vigueur aux cultures altérées. Construit en maçonnerie, le barrage a 15 mètres de hauteur entre la prise d’eau et le déversoir. En 1863, il a été complètement rempli et a déversé même à plusieurs reprises. Le type est donc créé et s’est trouvé d’un bon usage ; il a rendu et au-delà les services que l’on en attendait. Il ne reste plus qu’à l’imiter et à l’agrandir pour la vallée de l’Habra, qui confine à la vallée du Sig, et qui n’est aujourd’hui qu’un marécage pestilentiel.

La plaine de l’Habra ou du Ceirat s’étend sur une longueur de 30 kilomètres au pied du Djebel-el-Djira. À 12 kilomètres de la mer, l’Habra reçoit le Sig, et la réunion des deux rivières, qui perdent leurs, noms, forme la Macta, qui débouche dans la Méditerranée après une suite de marais. L’ensemble des deux plaines constitue un vaste cirque dont le grand diamètre a 50 kilomètres de longueur, et qu’enveloppe une enceinte de montagnes appartenant au terrain tertiaire. Au nord, la plaine est limitée par un plateau qui s’étend d’Arzew à Mostaganem, avec une coupure de quelques kilomètres qui donne à la Macta vers la mer une issue embarrassée par une ligne de dunes. On avait pensé d’abord qu’il suffirait d’une ouverture dans ces dunes pour ménager à la Macta un écoulement plus régulier et mettre à sec les surfaces immergées : la faiblesse des pentes fit renoncer à ce projet. Entre la mer et ces marais, les différences de niveau sont presque insensibles. Il est à croire que ce sinus de la Macta n’est autre chose qu’un relais de la Méditerranée. La rivière, à plusieurs kilomètres de la grève, est peuplée de poissons qui vivent dans l’eau douce et dans l’eau salée. Cet espace inondé de deux côtés demandait donc des travaux plus sérieux qu’une simple rectification d’embouchure. Des calculs établissent que chaque hiver les eaux tombées des bassins de l’Habra et du Sig, d’un ensemble de 1,070,000 hectares, et évaluées à un volume de 4 milliards 920 millions de mètres cubes, s’accumulent dans les bas-fonds de la plaine et s’y exhalent en évaporations pernicieuses. Emprisonner une partie de ces masses avant qu’elles devinssent stagnantes était le seul moyen de délivrer les terres noyées, et de leur rendre la fertilité et la salubrité. On en revint à la pensée d’un barrage.

Le barrage de l’Habra devait être établi au-dessus du confluent