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Ce ne fut néanmoins qu’en 1861 et 1862 que les parlement des diverses provinces, abrogeant les dispositions antérieures, adoptèrent un système de concession plus conforme aux intérêts généraux. Voici en résumé les principes qu’ils ont proclamés et qui sont aujourd’hui en vigueur. Le squatter qui s’établit dans un district nouveau ou tout à fait inexploré obtient une concession de quatorze ans, et son run ne peut avoir moins de 64 ni plus de 256 kilomètres carrés ; il paie une redevance d’à peu près 5 francs par kilomètre carré pendant les quatre premières années, redevance qui s’accroît légèrement pendant les années suivantes. Celui qui est établi depuis longtemps n’a qu’une concession de cinq ans et paie une rente fixée par évaluation de manière qu’elle soit proportionnelle aux produits de la station. Il s’ensuit que les mauvaises terres ne sont plus affermées au même prix que les bonnes. En cas de dissentiment sur la quotité, de la rente à payer, le run est adjugé au plus offrant enchérisseur, qui rembourse au préoccupant la valeur des travaux exécutés par lui. Le squatter conserve le droit d’acheter, à raison de 62 francs 50 cent, l’hectare, la nu-propriété du territoire qu’il occupe, sauf les parties réservées pour l’établissement des villages. Le gouvernement se réserve aussi le droit de vendre toutes les terres propres à la culture, même celles où la pâture est déjà concédée, sans que l’occupant ait, comme autrefois, un droit de préemption. Aussitôt que ces terres sont cadastrées, tout colon peut y choisir un lot à sa convenance, de 16 à 130 hectares d’étendue, et l’acquérir au prix fixé. Il peut affermer en outre, moyennant une rente annuelle très faible, une surface trois fois plus considérable ; mais ces avantages ne sont accordés qu’au colon qui se fixe sur le terrain et qui le cultive lui-même. Les acquisitions faites par le même individu ne doivent pas non plus dépasser chaque année une étendue déterminée. Ces dernières mesures ont pour but d’empêcher, que de riches propriétaires n’accaparent toutes les terres vacantes dans le voisinage des villes. En réalité, les squatters, qui recueillent chaque année de gros bénéfices, peuvent, malgré ces restrictions, acheter successivement les terrains sur lesquels ils ont le droit de pâture, se prémunir ainsi contre une éventualité de dépossession et enlever aux cultivateurs le bénéfice que les nouvelles lois agraires prétendaient leur assurer ; mais, s’ils réussissent à s’approprier de grands espaces dans les districts très peuplés, il est hors de doute que, devant l’élévation croissante du loyer de la terre, ils finiront par subdiviser eux-mêmes leurs runs, afin d’en livrer la meilleure portion à l’agriculture. Enfin les immigrans nouvellement débarqués reçoivent 12 hectares à titre gratuit ; les soldats et les marins qui ont quitté le service militaire, 20 hectares. Les officiers