Ceux qui, nés au milieu de la civilisation moderne, se figureraient que l’humanité a toujours été en possession de toutes les idées qui sont les instrumens de cette civilisation sont dans une complète erreur : les idées, comme les peuples et les races, ont eu leur histoire, leurs éclipses, leur développement. Que d’élémens complexes entrent dans ce que l’on nomme vaguement la civilisation ! À côté de cette histoire toute d’apparat, faite de coups de théâtre, de catastrophes, remplie par les listes des dynasties, par les dates des batailles, l’érudition moderne étudie la formation lente et obscure des doctrines philosophiques, religieuses et scientifiques, qui sont en quelque sorte l’âme de l’humanité. Les investigations de la critique donnent ainsi à l’histoire son sens véritable, elles expliquent la grandeur et la décadence des nations, elles assignent aux races leur rôle particulier, elles éclairent d’une lumière toute nouvelle ce grand drame dont nous sommes les acteurs et les témoins. Où la critique n’a-t-elle pas porté son flambeau ? Dans la théologie, dans l’étude des langues et des grammaires, dans l’ethnographie, dans la géographie, dans l’art. Même quand elle s’enferme sur le ter-