Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 53.djvu/217

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Au pied de la colline attaquée commencerait le grand canal des alluvions. Incessamment poussées par le courant, les terres entraînées se délaieraient peu à peu et se transformeraient en limon y tandis que les galets contenus dans la masse argileuse se heurteraient contre les parois du canal et seraient graduellement changés en sable. Afin que ce dernier résultat soit atteint d’une manière complète, M. Duponchel propose de donner au canal, sur une longueur de 10 kilomètres, une pente moyenne de 5 mètres par kilomètre, et de revêtir de cailloux siliceux les parois et le fond de la tranchée. Les sables étant des amendemens fort inutiles pour l’amélioration du sol landais, on aurait soin de leur ménager des issues ; de distance en distance le long des berges, tandis que les alluvions argileuses, plus fines et plus ténues, continueraient leur route vers la plaine. À la cote de 370 mètres, le canal de colmatage, débarrassé désormais de ses apports arénacés, cesserait de longer le cours du Bouès pour suivre, dans la direction du nord-ouest et par une pente moyenne de 2 mètres sur 1,000, la ligne de faîte qui sépare les affluens de la Garonne de ceux de l’Adour. Il arriverait ainsi jusque dans les grandes landes à 130 mètres d’altitude entre les sources de la Douze et celles du Cicon. C’est là que devraient commencer les canaux secondaires, se dirigeant avec une pente de trois quarts de mètre par kilomètre vers les divers points du littoral et se subdivisant eux-mêmes en fossés et en rigoles de colmatage. Inutile de décrire ce réseau d’artères et de vaisseaux chargés de répartir la terre vivante sur le sol des landes : ces descriptions techniques sont du ressort de l’ingénieur.

Si le canal de colmatage ne roulait dans ses eaux que des argiles parfaitement pures, ces alluvions ne constitueraient point de sol normal avec le sable des landes ; heureusement elles contiennent une quantité notable de substances calcaires, et d’ailleurs on trouve en maint endroit des plateaux du Gers des couches de marnes excellentes qu’il serait facile de faire ébouler dans un canal latéral et de mêler aux argiles de la grande artère de colmatage. Ce serait évidemment le meilleur moyen d’obtenir pour le sol des landes la chaux nécessaire à la constitution du sol végétal ; toutefois, si l’élément calcaire ne devait pas être représenté en quantité suffisante dans les eaux d’alluvion, il ne serait point impossible de s’en procurer directement en exploitant les marbres de la vallée d’Aure. Dans ce cas, très improbable, d’un manque de calcaire parmi les limons du canal, on propose d’opérer en amont du canal de Sarrancolin une nouvelle prise d’eau recevant de la Neste un mètre cube par seconde. La dérivation, suspendue pour ainsi dire aux flancs de la montagne et serpentant autour de chaque promontoire,