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DEUX ANNÉES
DE
LA GRANDE LUTTE AMÉRICAINE

Depuis plus de trois années déjà, le sang coule à flots en Amérique : près de huit cent mille hommes ont succombé; les villes et les villages ont été saccagés par centaines; d’immenses richesses accumulées par le travail d’un demi-siècle ont été anéanties, et par le contre-coup de ces désastres des populations entières ont été ruinées des deux côtés de l’Atlantique. Rarement guerre civile a pris des proportions aussi vastes que celle des États-Unis, et pourtant, si l’on en croyait certains politiques, ce carnage aurait été complètement inutile, et les combattans en seraient encore au même point qu’au premier jour de leur lutte acharnée. Il est vrai que l’éloignement du continent américain, la grandeur du territoire en litige, le chaos des dates, des chiffres, des noms d’hommes et de lieux, les contradictions des dépêches et des correspondances, les marches et les contre-marches des armées qui se disputent l’espace compris entre Washington et Richmond, ont pu faire croire parfois que tout est confusion dans l’immense conflit; mais ceux qui cherchent d’un cœur sincère à connaître la vérité ne sauraient être dupes de cette illusion. Au contraire les événemens d’Amérique offrent dans leur succession un caractère de logique et de simplicité qui se retrouve en un bien petit nombre d’autres guerres, et qui serait vraiment merveilleux, si la lutte n’était, même à l’insu de beaucoup de combattans, un choc entre deux principes. Les lecteurs de la Revue n’ont point oublié le récit qu’un témoin oculaire leur a tracé de la première campagne entreprise contre Richmond[1]. Un simple

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1862.