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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 54.djvu/156

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adoptées depuis 1833 pour obvier à l’accroissement du nombre des enfans trouvés, le principe de la surveillance des tours se propagea de plus en plus, et les administrations départementales en fermèrent le plus grand nombre. Lors de l’enquête de 1860, il n’en subsistait plus que 25, dont 12 seulement exempts de toute surveillance. Les départemens de l’ouest, ceux où le sentiment religieux est le plus développé, possédaient seuls 8 tours libres ; les 4 autres étaient ouverts à Laon, Soissons, Mézières et Marseille. Depuis l’enquête, 26 tours ont disparu ; il n’en reste plus aujourd’hui que 5, à Marseille, Évreux, Brest, Paris et Rouen ; encore ceux d’Évreux et de Rouen n’ont-ils été maintenus qu’à titre provisoire, et celui de Paris même est-il surveillé. L’admission dans un tour de cette espèce ne peut se faire sans que l’on satisfasse à certaines formalités servant à établir la provenance de l’enfant et l’identité de la personne qui en fait le dépôt. Ainsi, sans que la loi ait prononcé à cet égard ni substitué au tour un mode d’admission contre lequel de graves objections pourraient être faites, on peut dire que le tour, c’est-à-dire l’instrument le plus actif de la multiplicité des abandons, a disparu, et la statistique démontre que ni les avortemens ni les infanticides n’ont augmenté dans les lieux où il a été supprimé.

Aujourd’hui les hospices dépositaires reçoivent les enfans sur l’arrêté seul du préfet, s’il s’agit d’enfans abandonnés et d’orphelins pauvres. Pour les enfans trouvés proprement dits, une commission de l’hospice, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un délégué ou même d’une religieuse, les reçoit d’ordinaire pendant le jour seulement. La présentation d’un enfant doit être accompagnée d’un extrait de la déclaration faite après sa naissance et d’indications sur la demeure et l’état de la mère. La réception provisoire a toujours lieu : elle devient définitive après délibération de la commission et arrêté du préfet. Ce mode de réception, qui n’impose aucun retard préjudiciable à l’enfant, donne toutes les garanties possibles à la constatation ou à la recherche de la filiation ; il n’a contre lui que les abus que peuvent commettre trop facilement les intermédiaires, c’est-à-dire en général les sages-femmes par qui les dépôts sont faits aux hospices ; ces abus sont toutefois bien moins à craindre que lorsque le tour libre leur était ouvert.

La diminution des dépenses a dû suivre la diminution du nombre des enfans recueillis. En 1858, les dépenses intérieures des hospices et les dépenses extérieures pour les frais de nourrices, de garde et de trousseaux ne dépassaient pas 9,300,000 fr. Il est vrai qu’il convient d’ajouter à cette somme 850,000 fr. environ, distribués en secours aux mères pauvres de 12,560 enfans. Le rapport fait après