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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1864.

Les origines, la première phase de la convention du 15 septembre, n’ont point été heureuses. La venue au jour d’un acte diplomatique a rarement suscité autant d’anxiétés et de confusion. Accueillie d’abord par les émotions et les tristes scènes dont Turin a été le théâtre, entraînant la chute d’un ministère, servant de prétexte à un débat aussi passionné qu’oiseux à propos des conséquences hypothétiques que chacun lui attribue, il ne lui manquait plus que de devenir un sujet de contestation publique entre les diplomates mêmes qui l’ont conclue. Quand, il y a quinze jours, nous signalions l’inopportunité et le danger des controverses engagées dans les journaux sur la portée éloignée de la convention du 15 septembre, quand nous soutenions qu’il était imprudent et déraisonnable de torturer la convention en la commentant à outrance dans les sens les plus contraires, quand nous engagions la presse et l’opinion publique à s’en tenir aux termes mêmes et aux dispositions positives déjà si importantes de l’arrangement conclu entre la France et l’Italie, nous ne nous doutions pas que le péril des interprétations hypothétiques dût si tôt apparaître, nous n’avions pas prévu que des explications nouvelles sur le sens de la convention dussent être échangées entre les ministres des deux pays, nous nous étions attendus moins encore à la publicité qui a été donnée à ces explications. Il faut bien compter l’éclat des dernières dépêches parmi les incidens malencontreux qui ont marqué l’entrée de la convention du 15 septembre dans le monde.

Il n’est point dans notre rôle à nous, qui voulons ramener la convention du 15 septembre à la signification directe qui découle de ses dispositions formelles, de grossir les difficultés qu’ont révélées les dernières dépêches de MM. Drouyn de Lhuys, Nigra et La Marmora. Nous ne pouvons cependant nous abstenir de faire remarquer en passant ce qu’il y a d’étrange et d’insolite dans l’incident qu’on a cru devoir faire connaître au public. Il y a d’abord une question de forme à laquelle on nous pardonnera de nous