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Presque en même temps M. Villermé prononçait devant l’Académie des sciences morales et politiques, dont il était membre, un discours sur la durée trop longue du travail des enfans dans les filatures de coton, et l’Académie le chargeait de faire lui-même une enquête, dont il publia plus tard les résultats dans un fécond et salutaire ouvrage. Cette année 1837 fut le terme du long oubli où le pays s’était abandonné malgré les protestations de Sismondi, du docteur Gerspach, de M. Bourcart, et les efforts persévérant de la Société industrielle de Mulhouse, Le ministre du commerce, par une circulaire du 31 juillet 1837, s’adressa aux chambres de commerce, aux chambres consultatives et aux conseils de prud’hommes. Il se trouva que tout le monde était prêt ; les documens affluèrent et ne laissèrent aucun doute sur la gravité du mal. Le ministre posa aussitôt une série de questions que nous allons reproduire, avec l’analyse des réponses qu’elles reçurent, puisque c’est le commencement d’une enquête qui, nous l’espérons bien, n’est pas terminée.

Première question. — Depuis quel âge les enfans seront-ils reçus dans les fabriques ? — Cette question suppose qu’ils y seront reçus, et qu’ils n’y seront reçus qu’à un âge déterminé par la loi. Toutes les réponses sont unanimes sur ces deux points fondamentaux. Elles hésitent, pour la fixation de l’âge, entre neuf et dix ans ; la majorité se prononce pour neuf ans.

Seconde question. — La durée du travail serait-elle graduée suivant l’âge ? — Les réponses sont très divergentes. Ce qu’on y voit surnager, c’est d’abord l’interdiction rigoureuse de tout travail du dimanche, ensuite la distinction entre les enfans et les adolescens, proposée d’abord en Angleterre par Wilberforce et introduite dans le bill de 1833. On comprend en effet, qu’il deviendrait difficile de régler le travail des ateliers, si la tâche des apprentis variait sans cesse avec leur âgé ; mais cette distinction unique entre les enfans et les adolescens est à la fois pratique et nécessaire. Il est évidemment impossible de traiter un enfant de huit ans comme un adolescent de quatorze.

Troisième question. — Les forces physiques des enfans devront-elles être en rapport avec l’âge, et leur constitution reconnue bonne et capable de supporter les fatigues de l’atelier ? — Quelques conseils, en petit nombre, demandent que l’enfant ne soit reçu qu’avec un certificat de médecin ; la plupart s’en réfèrent à l’intérêt du patron, qui n’acceptera pas un enfant faible ou maladif.

Quatrième question. — A quel âge l’enfant pourra-t-il s’engager par lui ou par ses parens et tuteur ? — A quinze ans.

Cinquième question. — Les veillées seront-elles interdites aux enfans et aux adolescens ? — Quatre conseils seulement, Lyon,