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de leur port et de leur feuillage. Si cependant on approfondit plus avant l’histoire naturelle de la contrée, ces différences s’effacent. Au point de vue géologique, le nouveau continent se montre semblable à ses aînés. La croûte terrestre n’y est pas faite d’une autre façon que dans le reste du monde, car, en pénétrant dans ses entrailles, on rencontré la série régulière des terrains qu’on a déjà observés ailleurs. L’Australie n’est pas une terre d’exception, et l’on s’en assurera bien vite en élargissant le tableau, afin d’embrasser d’un coup d’œil l’ensemble des contrées dont la conformation est analogue. C’est le bassin hydrographique de l’Océan-Pacifique tout entier qu’il faut considérer.

L’Océan-Pacifique, immense en hauteur (il va presque d’un pôle à l’autre), immense en largeur (il s’étend de l’Asie à l’Amérique sur 140 degrés de longitude, les deux cinquièmes de la circonférence de la terre), doué d’une profondeur considérable, car les sondages indiquent en général une hauteur d’eau de 4 ou 5 kilomètres ; l’Océan-Pacifique est borné dans tous les sens, sauf au sud, où ses limites sont perdues dans des glaces inabordables, par de hautes montagnes qui renferment toutes plus ou moins des minerais aurifères. En Amérique, c’est la fameuse chaîne des Andes, qui émerge de la mer australe, forme d’abord la Terre-de-Feu, traverse le Chili, le Pérou et les états de l’Equateur, s’abaisse un moment à l’isthme de Panama, puis déploie son immense arête sur les territoires du Mexique, de la Californie, de l’Orégon et de la Colombie britannique. Le nom de chacune de ces contrées est lié dans la pensée à l’exploitation soit ancienne, soit récente, de métaux précieux. D’une extrémité à l’autre, les mines d’or sont abondantes, inépuisables, et les chaînons secondaires qui s’en détachent à angle droit sont souvent plus riches que la chaîne principale. Ce système de montagnes est en outre caractérisé par l’existence d’un grand nombre de volcans.

Sur l’autre bord du Pacifique, on retrouve, à la hauteur près, une disposition identique. La grande chaîne de l’Australie apparaît d’abord dans l’île de Van-Diémen, plonge un instant sous les eaux du détroit de Bass en laissant surgir au-dessus de la surface de la mer, comme des témoins de son existence, les plus élevés de ses sommets, qui forment une série d’îles en ligne droite, traverse ensuite le continent dans toute sa longueur, du promontoire Wilson au cap York, plonge de nouveau sous le détroit de Torrès, où des îles permettent encore d’en saisir la continuité, et se relève dans la Nouvelle-Guinée, qui renfermerait les points culminans de toute la ligne, s’il est vrai qu’il existe au centre de cette île des pics de 4,000 mètres d’altitude. On peut en suivre le tracé plus loin, soit