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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 55.djvu/266

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communiquée par le gouverneur aux gouverneurs des autres états de la confédération, et si elle obtient leur assentiment, les états, se considérant comme souverains, presseront collectivement Jefferson Davis d’ouvrir les négociations. Tel est du moins le plan des Caroliniens. Il est possible qu’il échoue une première fois ; mais il annonce déjà une situation qui ne peut se terminer que par l’avortement de l’Impie tentative de démembrement que Jefferson Davis et ses amis ont vainement entreprise contre la grande république américaine. e. forcade.

une crise ministérielle en espagne.

L’Espagne vient de traverser encore une fois une de ces bourrasques qui sont toujours imprévues, et qu’il faut toujours prévoir principalement quand tout semble calme à la surface. Rien n’est trompeur et dangereux au-delà des Pyrénées comme l’apparence du calme, comme un vote de confiance des chambres ou des élections donnant au gouvernement qui les fait une écrasante majorité. C’est presque toujours d’un mauvais augure. On a vu à Madrid des ministères mourir sur le coup d’un vote parlementaire qui avait la prétention de les aider à vivre ; on en a vu périr pour avoir trop réussi au scrutin d’une élection générale, et je me souviens encore de ce mot spirituel que me disait un jour Donoso Cortès dans une de ces situations où l’on avait été trop heureux : « Comment voulez-vous que ce ministère résiste à cette majorité ? » On a vu aussi des cabinets tomber sans raison ou pour des raisons qu’on ne disait pas, tant il est vrai que la politique en Espagne côtoie toujours des écueils invisibles, quand elle ne finit pas par tourner à la comédie au détriment du pays, du régime constitutionnel et des hommes mêmes qui se trouvent mêlés à ces crises ! Il est arrivé un peu de tout cela récemment. Le ministère du général Narvaez s’était formé, il y a trois mois à peine, après une série de cabinets qui n’ont fait que passer depuis un an. Il avait, en naissant, l’apparence d’un pouvoir plus sérieusement constitué, fort de sa composition même et de la difficulté d’arriver à d’autres combinaisons. Il s’annonçait au début comme un gouvernement libéral décidé à détendre un peu la situation du pays, à relever la politique, les finances de l’Espagne. Il avait ses élections comme d’autres, et plus que d’autres il avait réussi au point de n’avoir plus probablement devant lui que l’embarras, d’une majorité trop docile. Il touchait enfin à l’ouverture des chambres. C’est juste le moment où il a sombré tout à coup comme dans un de ces typhons de la mer des Indes où les navires se perdent quelquefois enveloppés par la tempête. Le typhon espagnol n’a pas été tout à fait aussi redoutable, il est vrai. Le ministère Narvaez s’est relevé après un naufrage qui n’a duré que quelques jours ; il n’a pas moins disparu un instant, et entre sa chute et sa reconstitution s’est reproduite toute une crise intime du pouvoir aux mille et une péripéties.

Pourquoi le ministère du général Narvaez est-il tombé et comment s’est-il relevé après une succession de tentatives inutiles pour arriver à la forma-