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capital était surabondant et où, suivant M. Coquelin, il aurait dû s’accumuler dans les caisses de la Banque, les dépôts flottent entre 13 et 24 millions. En janvier 1847, ils montent encore à 17 millions. Au mois d’avril, ils s’abaissent un instant à 11 millions ; mais bientôt ils se relèvent, et au plus fort de la débâcle, en octobre, ils atteignent 17 millions. Quand on suit de mois en mois le mouvement des dépôts, on les voit fléchir parfois à l’instant où se font de grands envois de métaux précieux à l’étranger ; mais rien, absolument rien n’indique un retrait successif, continu, qui mette la Banque dans l’embarras et qui occasionne une crise. Il n’y a pas trace non plus de cette relation intime entre la dépression de l’encaisse et le retrait des dépôts. Ainsi, en janvier 1847, les dépôts montent à 17 millions et l’encaisse à 14. Au commencement d’octobre de la même année, quand l’encaisse est au plus bas et qu’il est tombé à 8 millions, nous trouvons les dépôts au même chiffre qu’en janvier, à 17 millions. Les années qui précèdent la grande crise de 1857 offrent des chiffres non moins concluans. Les dépôts montent à 20 millions en 1850 et retombent à 13 en 1851, sans que le mouvement des affaires s’en ressente en aucune façon. En 1854, il se produit une oscillation considérable, de 22 à 12 millions ; elle n’occasionne aucune perturbation. En 1856, les dépôts flottent de 14 à 18 millions. En 1857, année désastreuse entre toutes, aucun retrait de quelque importance ne se remarque. En novembre, quand la gêne est à son comble, lorsqu’il faut se résoudre à suspendre l’act de 1844 en présence d’un encaisse réduit à 6 millions, les dépôts montent à 18, à 19, et le 25 du terrible mois à 20 millions. Ces faits significatifs nous expliquent pourquoi les documens anglais ne citent pas le retrait des dépôts parmi les causes qui déterminent les crises : c’est qu’il n’y a aucun rapport entre la fluctuation des dépôts et les perturbations commerciales. Le seul pays où le retrait des dépôts ait aggravé le mal, c’est l’Union américaine en 1857, précisément, semble-t-il, parce que là des banques très nombreuses paient un bon intérêt pour les sommes qu’on leur confie. Il en résulte que les dépôts prennent des proportions énormes, et comme ces banques n’inspirent pas une entière confiance, on retire l’argent quand on les croit menacées. En Angleterre, où la Banque jouit d’une confiance absolue, on constate un phénomène contraire. On y dépose ses capitaux dans les temps difficiles, lorsqu’on se défie de tout placement définitif. C’est donc en méconnaissant les données les plus incontestables qu’on a soutenu que les tourmentes financières étaient occasionnées par le monopole des banques privilégiées, et qu’on a préconisé la liberté d’émission des billets comme le meilleur moyen d’en prévenir le retour. Il ne manque peut-être point