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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 55.djvu/681

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dans la pensée d’établir un parallèle instructif, c’est aussi pour qu’on ne perde pas de vue l’influence qu’exercent sur le taux général de l’intérêt tant de placemens nouveaux et très productifs qui se disputent le capital circulant.

Turgot a raison, la diminution du loyer des capitaux livre de nouveaux domaines à la production, comme la mer, en se retirant, découvre de nouvelles plages propres à la culture ; la belle image dont il s’est servi rend compte du phénomène qui suit la baisse du taux de l’intérêt, lorsque toutes les autres circonstances demeurent les mêmes. Seulement le principe qu’il a mis en avant cesse d’être exact, si la demande du capital s’accroît par suite du meilleur parti que savent en tirer et des fruits plus abondans que recueillent ceux qui l’emploient. Alors, loin de marquer le déclin, la hausse de l’intérêt devient un signe de prospérité ; elle correspond à une plus riche récolte. C’est ce qui apparaît en traits saillans dans les fertiles contrées que le génie de l’homme fait sortir d’un long engourdissement, c’est ce qui éclate aussi dans les états les plus civilisés, quand le progrès y développe une ère nouvelle. La rente, le salaire et le profit y grandissent à la fois ; comment le capital circulant serait-il exclu d’une part de ce bénéfice additionnel ? Comment surtout, plus mobile, plus facile à transporter qu’aucun autre bien, n’élèverait-il point ses prétentions en présence du marché universel de plus en plus ouvert, du gain accru et du risque diminué pour les placemens lointains, pendant que la compétition générale fait marcher la demande d’un pas plus accéléré que la formation des richesses disponibles ? On s’empare des chiffres du bilan de la Banque pour prétendre qu’en mettant ses services à plus haut prix, cette institution en a rendu moins. Le calcul paraît simple et concluant alors que l’on choisit pour les mettre en regard l’époque à laquelle l’escompte est d’ordinaire au plus haut et celle où il est au plus bas. En janvier 1864, le portefeuille s’élevait à 752 millions et les avances sur titres à 115 millions, total 867 millions. En décembre de la même année, le portefeuille s’est trouvé réduit à 562 millions et les avances sur titres à 66 millions, total 628 millions, avec une diminution de 238 millions. Ainsi, ajoute-t-on, les bénéfices de la Banque s’élèvent en raison inverse des services qu’elle rend. C’est Là une arithmétique de mauvais aloi : non, les bénéfices ne peuvent résulter que de l’extension des opérations ; la Banque a plus gagné en 1864 que dans aucune autre année, parce que jamais elle n’a autant escompté. La diminution du portefeuille coïncide avec la réduction de l’intérêt ; elle témoigne d’une détente dans la situation : le commerce a moins besoin de la Banque lorsqu’il profite davantage d’autres capitaux et lorsque les affaires reprennent une allure régulière. Il en a toujours