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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 55.djvu/684

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était donc, pour les deux catégories, de 144 millions de francs; mais une partie de cette somme de billets a été remise à la Banque d’Angleterre contre des billets de celle-ci, qui remplacent dans la circulation la monnaie de papier locale, dont l’importance est singulièrement réduite. Toute banque qui cesse de payer à bureau ouvert perd le droit d’émission. Les banques privées ne peuvent se réunir pour l’exercer, si de cette fusion résulte une association de plus de six personnes. La Banque d’Angleterre a la faculté de réclamer jusqu’à concurrence des deux tiers la jouissance du privilège évanoui des banques de province. L’act de 1844 ne porte aucune atteinte aux droits acquis, mais il ne néglige rien pour en hâter l’extinction ; il les tolère provisoirement, comme un mal inévitable, et l’on viendrait présenter ces prescriptions jalouses comme une application du principe de la concurrence!

La vérité, c’est que ce principe a disparu ou a été singulièrement restreint. Qu’on en juge par ce qui s’est passé en Écosse et en Irlande depuis 1845. Aucune banque nouvelle ne saurait y participer au droit d’émission, exclusivement maintenu dans des limites strictement définies en faveur des banques qui existaient lors de la promulgation de la loi. La circulation autorisée en Écosse a été établie à 3,150,000 livr. sterl. (78,750,000 fr.), et celle de l’Irlande à 6,356,494 liv. sterl. (159 millions de francs). Au-delà du chiffre spécialisé pour chaque banque, tout billet émis en Écosse et en Irlande dut être intégralement représenté par une valeur correspondante en or; mais la réserve métallique est toujours de beaucoup supérieure à l’exigence légale. La circulation autorisée est descendue aujourd’hui en Écosse au-dessous de 70 millions; les billets de banque y circulent en moyenne pour une somme inférieure à 100 millions, avec une réserve métallique supérieure à la moitié. En Irlande, la circulation des billets oscille autour de 125 millions de francs. Les réserves en métal précieux sont considérables.

L’émission des billets n’a jamais formé qu’une branche très accessoire de l’industrie des banques d’Écosse; celles-ci, organisées pour un système d’avances beaucoup plus que pour l’escompte du papier de commerce, ont grandement contribué à la prospérité de la contrée et notamment de l’agriculture, la plus riche industrie du pays, en fonctionnant surtout comme banques de dépôt et de virement; elles allouent un intérêt aux capitaux qui leur sont versés et les font fructifier en les prêtant à un taux supérieur. Tandis que la circulation des billets s’est toujours maintenue dans des chiffres restreints, les dépôts se sont élevés au-delà d’un milliard de francs; ils oscillent encore autour de ce chiffre. Là se rencontre le puissant levier dont ces banques disposent : elles justifient leur vieille renommée en prenant pour base la réalité des ressources agglomé-