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déprimées de la Cochinchine et du Tonquin. Au nord, la région soulevée se continue vers l’Amérique par les Philippines, Formose, les îles Liou-Kieou, le Japon, la grande île Sakhaline, les régions de l’Amour, le Kamtchatka, c’est-à-dire toutes les terres que traverse la fissure d’éruption des volcans du Pacifique. À l’ouest, Sumatra, frangée sur sa rive orientale de péninsules qui furent naguère des îles et qui en portent encore le nom (poulo), est le point de départ d’un autre mouvement d’élévation comprenant toutes les côtes situées autour du golfe du Bengale. Les archipels de Nicobar et d’Andaman s’élèvent peu à peu ; l’île de Ceylan s’exhausse également, du moins en partie, et peut-être la chaîne d’écueils qui la réunit à l’Indoustan, et qui d’après la légende servit autrefois de pont à la triomphante armée du singe Hanouman, finira tôt ou tard par constituer un isthme véritable. Il paraîtrait que le cours inférieur du Gange est aussi compris dans l’aire de soulèvement du golfe dû Bengale, et que le pays tout entier subit un mouvement de bascule du sud au nord, car les affluens inférieurs du Gange, le Coosy, le Mahanady, le Soane, ne cessent de déplacer leurs embouchures vers l’amont. Ce dernier cours d’eau a déjà reculé de 7 kilomètres depuis quatre-vingts ans. D’après M. Ferguson, c’est vers le confluent du Gange et du Gogra que se trouverait la limite occidentale de la vague d’élévation qui commence aux îles de la Nouvelle-Zélande, à 13,000 kilomètres de distance vers le sud-est.

Quant à l’espace occupé par l’Australie et l’océan des Indes proprement dit, il se trouve presque en entier, comme le bassin central du Pacifique, situé dans une aire de dépression graduelle. Tandis que de la Nouvelle-Guinée à Sumatra et aux Philippines un nouveau continent émerge des eaux, le vieux continent australien, si remarquable par sa faune et sa flore, qui semblent appartenir à une époque géologique antérieure, s’enfonce peu à peu avec les îles environnantes, la Louisiade, la Nouvelle-Calédonie et les récifs de la Mer de Corail. Jusqu’à présent, on ne connaît encore qu’une seule partie de l’Australie qui subisse un mouvement continu d’élévation : c’est le district de Hobson’s-bay, près de Melbourne, qui, d’après M. Becker, s’élèverait d’environ 10 centimètres par an. Quoi qu’il en soit, la grande masse du continent s’affaisse insensiblement, et les polypiers qui entourent les côtes sont obligés d’élever de plus en plus leurs récifs. À l’ouest de l’Australie, l’Océan-Indien est presque entièrement dépourvu d’îles ; mais toutes celles qui sortent des profondeurs marines sur un espace de plus de 6,000 kilomètres en largeur sont des atolls qui s’engouffreraient lentement, si les polypiers n’en exhaussaient incessamment les bords. Parmi ces îles se trouvent le célèbre atoll de Keeling, que M. Darwin a