Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 55.djvu/873

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
POSITIVISME
A PROPOS D’UN LIVRE DE M. LITTRÉ.

II.
L’INFÉRIORITÉ PHILOSOPHIQUE DU POSITIVISME.

On a vu combien la métaphysique et la théologie sont devenues étrangères au monde moderne[1]. Les sociétés craquent, les esprits se dilatent, et parmi tout ce travail ces vieilles institutrices du monde ont cessé de le servir, de l’assister, comme elles étaient en possession de le faire. Au lieu de s’adapter à cette vie nouvelle, il leur plaît d’y fermer les yeux, d’y faire obstacle. C’est ce moment que la science a choisi pour se reconnaître, pour s’étaler et pour s’offrir aux hommes dans toute la richesse de ses achèvemens; mais la science, après tout, n’est que l’esprit humain à une allure où il se borne en hauteur et se détourne des grands horizons abordés par la religion et la philosophie. Aussi, quand la science vient s’offrir ou plutôt s’imposer au monde, celui-ci résiste avec une énergie qui lui fait le plus grand honneur.

— Non, dit-il aux savans, vous ne suffisez pas, car vous ne m’enseignez que la matière, vous me réduisez au visible et au palpable. Or j’ai de plus longues pensées, j’ai des aspirations par-delà ce qui se voit et ce qui se touche. L’origine et la fin des choses, un pro-

  1. Revue du 1er février.