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LA
GUERRE D'AMERIQUE
ET
LE MARCHE DU COTON

De temps en temps il nous arrive, de l’autre côté de l’Atlantique, des bruits de trêve et de conciliation qui tiennent en suspens l’attention de l’Europe. Tantôt il s’agit de commissions mixtes qui auraient été nommées par les deux congrès américains pour débattre les préliminaires d’un arrangement entre les parties belligérantes ; tantôt ce sont des messagers de paix, des porteurs de paroles qui franchissent les lignes des camps et qu’on dit investis de pouvoirs secrets. Plus récemment, c’est le président de l’Union qui a fait et reçu en personne des ouvertures promptement jugées inadmissibles. En s’emparant de ces nouvelles, le public européen en grossit l’effet et y ajoute ses commentaires. Chacun les juge suivant ses intérêts ou le sentiment qu’il y apporte. Pour ceux qui sont engagés dans des opérations industrielles ou commerciales, c’est l’objet d’une sollicitude directe ; pour les autres, c’est un soulagement au milieu de ces scènes douloureuses qui, en se prolongeant, ont tendu les esprits jusqu’à la lassitude. Les poitrines se dilatent à la pensée que l’effusion du sang va cesser. Point de limites aux conjectures ; la paix paraît faite jusqu’au moment où de nouveaux avis renversent l’échafaudage des illusions. Ces surprises et ces retours d’opinion, qui ne sont pas toujours exempts de calcul, feraient moins de dupes parmi nous, si l’on se rendait bien compte de ce que sont les faits en Amérique et de ce qu’y valent les hommes. On