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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 56.djvu/692

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LA
VILLE DE TRÈVES
SON HISTOIRE ET SES MONUMENS

À quelques lieues de notre frontière du nord-ouest, à trois heures à peine de Metz, se trouve une antique cité qui a gardé un nom longtemps célèbre dans l’histoire, celui de Treviris, aujourd’hui Trèves. Elle est en dehors de ces routes que les touristes aiment à suivre avec la machinale docilité de l’étincelle qui court le long du fil électrique. Pour gagner Trèves par le chemin de fer, quand on remonte le Rhin ou qu’on le descend, il faut faire un long détour par Aix-la-Chapelle, Liége et Luxembourg, ou par Neun-Kirchen et Sarrebruck ; et on sait ce que c’est qu’un détour multiplié par la lenteur allemande. Sur dix personnes qui visitent la vallée du Rhin, il n’y en a souvent pas une qui se détourne pour voir Trèves ; parmi les rares voyageurs qui, pour se souvenir du vieux renom de Trèves et pour avoir vaguement entendu parler de ses ruines romaines et des beautés pittoresques de la Moselle, se décident à quitter les routes tracées, plus d’un peut-être revient désappointé. C’est que Trèves n’est plus aujourd’hui que le chef-lieu d’un département prussien et de la seizième division militaire, une petite ville de province où trois régimens tiennent garnison. On ne trouve pas ici le mouvement et le bruit de Cologne, de Coblentz ou même de Bonn ; pas d’industrie, pas même d’université ; des rues mornes comme celles de l’une de ces villes qui n’ont plus de raison d’être et qui ne durent que par la force de l’habitude. Pas de théâtre qui mérite ce nom ; il n’y aurait, pour entretenir une troupe, ni un petit souverain mélomane comme à Carlsruhe, ni une nombreuse et riche