Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 56.djvu/753

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du biennium universitatis c’est-à-dire qu’on, avait confié des emplois dans le Slesvig à des personnes que n’avait pas préalablement endoctrinées la grande et patriotique école de Kiel ; enfin on avait tyrannisé les particuliers et les familles : par des ordonnances vexatoires, Après avoir dressé cet acte d’accusation, étrange contre une puissance « amie, » le noble lord rappelait avec force les « explications » données autrefois en 1851 par le cabinet de Copenhague aux cours allemandes sur le régime futur des duchés. On a vu plus haut les périphrases diverses, toujours ascendantes et climatériques, que les diplomates de la Germanie avaient su employer pour le mot fameux de Erläuterungen ; le comte Russell inventa pour son usage une périphrase tout à fait nouvelle, celle de bounds of honour. Des « liens d’honneur, » affirmait-il, avaient été formés par le gouvernement danois en 1851, et, pour sauver cet « honneur, » le principal secrétaire d’état, ne trouvait rien de mieux à proposer au monarque que de souscrire à la perte de la monarchie. En effet, pour réparer le mal, lord John conseillait de détacher tout à fait le Slesvig, du Denmark proper, et de reconnaître à chacune des quatre provinces dont se composerait le royaume de Holstein, le Lauenbourg, le Slesvig, et le Denmark proper) une autonomie complète et une assemblée législative indépendante ! « En général, devait bientôt dire au sujet de cette conception ingénieuses, » mais peu originale et visiblement traduite, de l’allemand, un homme d’état scandinave, — en général les souverains de l’Europe trouvent déjà de la difficulté à manier un seul parlement ; le principal secrétaire d’état, fait au roi de Danemark assurément un grand honneur en le croyant capable, d’en manier jusqu’à quatre… » Il est vrai que, pour pallier les inconvéniens possibles d’une pareille « constitution, », l’imperturbable réformateur proposait d’établir en dehors des représentations provinciales, un budget annuel fixé pour dix ans[1] ; seuls, les crédits supplémentaires « inévitables » seraient votés « librement » par les quatre assemblées législatives !…

Telle fut la panacée merveilleuse découverte pour les maux de la situation et formulée « en quatre points » par le grand auteur du reform-bill, que M. Disraeli devait plus tard saluer en plein

  1. Pour dix ans !… Toujours la préoccupation constante, la pensée fixe du juste Ézéchias : sit pax in diebus meis ! C’est ainsi que l’année suivante, le comte Russell ne répugnait pas à voir les aspirations de la Pologne se réaliser dans quinze ou vingt ans, pourvu qu’on eût une paix immédiate (dépêche, à lord Blomfield du 17 mars 1863), — et il était tout prêt alors à suggérer même un projet de constitution pour la Russie, comme il l’avait fait on 1862 pour le Danemark. « Pourquoi en effet, demandait-il au baron Brunnow, pourquoi des institutions représentatives ne seraient-elles pas accordées en même temps au royaume de Pologne et à l’empire de Russie ? » (Dépêche à lord Napier du 10 avril 1863.)