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des travaux de l’année qui paraissent pouvoir être portés à l’actif des connaissances humaines. Chacun trouverait ainsi dans l’une ou l’autre partie du livre ce qu’il désire plus particulièrement rencontrer.

C’est aux personnes qui veulent avoir des progrès de la science une notion tout à fait superficielle que s’adresse le livre de M. de Parville. Ses Causeries scientifiques sont légères, bien légères, assez vives d’ailleurs et d’une lecture facile. M. de Parville ne se donne pas des airs de savant. Il cherche à tous les points de l’horizon ce qui paraît de nature à provoquer l’attention du lecteur blasé, il se contente d’annoncer les faits principaux ou de recueillir les détails piquans. Ce modeste rôle lui suffit. Il reste en quelque sorte en dehors des questions et les envisage par leurs côtés extérieurs. Il décrira l’empressement du public à l’ouverture des conférences de la Sorbonne et le succès éclatant de M. Jamin dans cette première leçon où il traita des trois états de la matière, comment, au milieu de cette salle immense, la table du professeur est chargée ou entourée d’instrumens de physique d’un aspect imposant, bobines énormes d’induction, grosses machines pneumatiques, marmite de Papin, appareil Carré pour faire le froid, appareil de Thilorier monté sur des roues et semblable à une pièce d’artillerie, appareil de Bianchi pour la liquéfaction du protoxyde d’azote ; comment le professeur, debout au milieu d’un grand nombre d’aides et de préparateurs, dont plusieurs ont un nom dans la science, commande à cette légion d’opérateurs et à cet attirail d’instrumens, faisant surgir un soleil électrique, éteignant ou rallumant d’un geste tous les becs de gaz de la salle, métamorphosant d’un mot la matière, produisant les froids les plus intenses et les plus hautes températures, congelant du mercure au fond d’un creuset de platine chauffé à blanc, volatilisant les métaux par le courant électrique. L’aspect de la salle, la physionomie même de la leçon sont vivement esquissés par M. de Parville. Ailleurs il décrira le mascaret dans les eaux de la Seine, Caudebec envahi par une armée de touristes, toutes les lorgnettes braquées sur Villequier, comment le flot, après avoir franchi le coude du fleuve, s’avance majestueusement sur une seule ligne, se gonflant jusqu’à Caudebec, puis tout à coup secoue la Seine, jusque-là tranquille, et la soulève furieusement hors de son lit au milieu de torrens d’écume. M. de Parville ne manque pas d’enregistrer l’arrivée de deux cucujos par un des paquebots du Mexique : ce sont de petits coléoptères qui répandent une lumière très vive et dont les dames mexicaines, dit-on, font des objets de toilette en les attachant vivans sur leurs jupes ou dans leurs cheveux ; on pense si elles prennent soin de ces bijoux animés, qu’il faut baigner deux fois par jour et nourrir de fragmens de canne à sucre.

Toute cette petite chronique est faite agréablement par M. de Parville. On pourrait dire, sans lui en faire ni un blâme ni un éloge, que son livre paraît surtout écrit pour les dames. Il répond à ce mouvement de plus en plus marqué qui porte le monde parisien à s’occuper de physique amusante