Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 57.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Jusqu’à ce qu’il ait dit : Assez !
Que du sang des soleils blessés
Il empourpre les aubes molles,
Qu’il reprenne à la neige en pleurs
Ces beaux diamans dont les fleurs
Sont folles.

O jours ! ô nuits ! Étés ! hivers !
Lourd pendule de l’univers,
Et vous, flux et reflux de l’onde,
Action et réaction,
Immense respiration
Du monde !

Puisque tout a, ce cours fatal,
Puisque l’œuf du bien c’est le mal,
Que tu veux que la créature
Soit ton maître et non ton amant,
Et qu’on te force incessamment,
Nature !

Voyons qui sera le vainqueur !
La lutte est le tremplin du cœur.
Vous, timides, restez dans l’arche.
Quant à nous, dehors et devant !
Et par la froidure et le vent
En marche !

COIN DU FEU.

Si vous voulez, ce soir nous resterons chez nous,
Tout seuls, au coin du feu ; nous mettrons les verrous ;
Frappe qui peut, que nous importe ?
Donnons-nous une fête, à deux, un impromptu ;
Recevons le bonheur. « On s’aimera. » Veux-tu ?
Ouvrons nos cœurs, fermons la porte.

Si tu le veux, ce soir nous parlerons d’amour,
Tous les deux à la fois, ou bien non, tour à tour ;
Je gagne plus à ces échanges :
Tu me diras comment, tu me diras pourquoi,
Et tu m’emmèneras voyager avec toi
Dans ton âme, au pays des anges.

Si tu le veux, j’irai me mettre à tes genoux,
Et te conter si bas de ces contes si doux