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que pèse principalement l’état des finances d’une maison. Les meilleurs maîtres vont par la force des choses vers les établissemens qui peuvent le mieux les rétribuer, et il ne reste aux autres qu’à glaner sur une moisson déjà faite. En général les bons maîtres sont rares ; l’activité anglaise a tant de moyens de s’exercer et met tant de calcul dans ses choix qu’elle ne se tourne pas volontiers vers des carrières ingrates. Celle-ci l’est de toutes les façons ; le profit y est mince, et il ne s’y attache pas une grande considération. Deux motifs seulement peuvent pousser ceux qui s’y engagent : une vocation décidée ou l’impuissance de mieux employer leur temps. C’est naturellement le clergé qui occupe le plus de chaires ; le soin d’élever la jeunesse s’y est transmis de main en main, comme un devoir d’état ; son brevet d’élection est dans l’habit qu’il porte. Il en est de même des gradués des universités : leur titre les couvre et leur assure un accueil de faveur ; on les recherché même au prix de traitemens supérieurs. Pour les autres professeurs laïques, les choix offrent plus d’embarras ; il n’y a point d’école normale pour l’enseignement secondaire, par conséquent point de diplômes, et force est de se contenter de certificats délivrés par des personnes qui portent un grand nom ou ont une autorité scolaire. C’est une rude tâche que celle de ces maîtres ; il en est qui font jusqu’à six classes par jour, et des classes très diverses, lettres, sciences, histoire. Ils s’y préparent tant bien que mal, laissent leurs élèves réciter ou discourir, prennent des notes sur la manière dont ils s’en acquittent, et les jugent plus qu’ils ne les assistent. Il n’y a pas là d’indifférence ni d’abandon : c’est l’exercice régulier de l’emploi. Il est convenu dans les écoles anglaises que l’enfant doit attendre beaucoup plus de lui-même que de son maître, de ce qu’il découvre que de ce qu’on lui inculque.

Un fait récent semble prouver néanmoins que ce système n’a pas la vertu qu’on lui supposait : on s’efforce d’entrer dans une voie nouvelle. En 1858, les universités, comme gardiennes des études, s’émurent de la médiocrité des élèves que leur envoyaient les écoles publiques, et se décidèrent à y porter remède ; Oxford prit les devans, il rendit un statut qui a pour titre : De Examinatione candidalorum qui non sunt de corpore universitatis. Ce fut l’origine de ce que l’on a nommé les examens locaux. L’objet de ces examens était de mieux régler les études et de donner aux familles une garantie supérieure qui leur manquait. Par groupes déterminés, les écoles étaient admises à présenter leurs élèves à ces épreuves et à se mesurer entre elles dans une sorte de concours destiné à vérifier leur force. C’était une tournée analogue, aux matières près, à celles qui ont