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UN
HUMORISTE PROTESTANT

Les Prouesses de la bande du Jura, par l’auteur des Horizons prochains ; 2 vol. in-18, Michel-Lévy, 1865.

Depuis que le protestantisme a fait son entrée dans le monde, le cours des choses a donné un sens nouveau, un sens réel et palpable à cette mystérieuse et libérale parole de Jésus : « Dans la maison de mon père, il y a plusieurs demeures. » L’univers est la grande maison du souverain père de famille ; les demeures différentes sont les religions, les cultes où s’enferment les âmes, où elles habitent, où elles prennent en quelque sorte leur pli et leur caractère. Entre ces demeures diverses au sein d’une même demeure, il y a eu bien souvent la guerre ; il y a eu des haines, des persécutions, des chocs sanglans ; puis est venue la paix. Est-ce bien la paix souveraine et définitive ? C’est du moins une trêve entre habitans séparés de la même maison. On se rencontre, on se visite, on s’accoutume à se respecter un peu plus, à se supporter mutuellement. Il n’y a plus que les têtes vives qui font des sorties, soufflant vainement le feu de la guerre, et dans cette paix relative on pourrait dire qu’il s’est formé, au courant du monde moderne, deux lignes parallèles de civilisation, deux ordres d’idées, deux familles d’esprits. Il y a des esprits catholiques et il y a des esprits protestans. Je ne dis pas qu’ils soient opposés en tout, qu’ils ne se confondent sur bien des points. Ils ont puisé à la même source première, ils sont de la même maison ; mais il est certain que comme dans cette maison ils ont des demeures diverses, ils se font aussi