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DE
LA VIE FUTURE

I. La Vie future, par M. Th. Henri Martin. — II. La Vie éternelle, par M. Ernest Naville. — III. La Pluralité des mondes habités, par M. Camille Flammarion. — IV. La Pluralité des existences de l’âme, par M. André Pezzani.

« Les mânes sont quelque chose, la mort ne finit pas tout. » Ainsi parlait un des maîtres de l’élégie latine au souvenir de celle qu’il avait aimée et qu’il croyait revoir encore dans ses nuits rêveuses. Ce vers de Properce rend assez bien, sous la forme d’une proposition vague, cette croyance indécise et variable, mais vivace, que la raison et l’imagination, la tradition et la superstition suggéraient ensemble à presque toute l’antiquité païenne, et qui s’est perpétuée après elle, avec des traits plus distincts, sur un fond plus solide et mieux défini. C’était la croyance en un avenir pour l’humanité au-delà de cette vie, en un mode d’existence inconnu, conçu quelquefois comme ayant précédé la naissance, toujours comme postérieur à la mort. Cette idée, presque constamment accompagnée de la foi dans une différence de destinée réservée aux bons et aux méchans par une justice éternelle, représentait la vie future soit comme continuée, soit comme suspendue par intervalle, en sorte que dans les religions ou les opinions traditionnelles elle était souvent accompagnée de l’idée de résurrection, et ce n’était guère que pour les esprits éclairés, et particulièrement pour la philosophie, qu’elle s’élevait jusqu’à devenir la pure idée de l’immortalité de l’âme.

Le dogme de la vie future peut en effet prendre ces deux formes, qui doivent être soigneusement distinguées, quoiqu’elles puissent