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fides !… Le ministre britannique voulut cependant s’assurer au dernier moment si le dogme demeurait toujours intact, et il pressa les cours de Vienne et de Berlin de lui donner à ce sujet une nouvelle et satisfaisante déclaration. Les deux cours lui répondirent le 31 janvier par une note identique où, tout en témoignant « de leur intention de ne pas se départir du principe des engagemens de 1851-52 (on évitait le nom du traité de Londres), » elles prévoyaient le cas « où elles se verraient forcées à renoncer à des combinaisons qui n’offriraient plus un résultat proportionné aux sacrifices que les événemens leur imposaient. »

Le principal secrétaire d’état eut peut-être alors une vague appréhension, et comprit que des « complications plus sérieuses » devenaient décidément « admissibles. » Le jour où cette notification arrivait au cabinet de Saint-James s’ouvrait le parlement britannique (4 février 1864), et les ministres de la reine durent bien dire quelques mots de cette monarchie Scandinave qui était dès lors engagée dans sa lutte suprême. Dans le discours qu’il fit à la chambre des communes, lord Palmerston ne parut point du tout alarmé. « En examinant bien la question, » le noble vicomte trouvait que l’Allemagne s’était rendue coupable « d’une agression injuste ; » il trouvait aussi que les gouvernemens d’Autriche et de Prusse avaient bien fait de s’opposer aux desseins des états secondaires allemands, et s’étaient montrés dans ce sens les amis du Danemark. Enfin lord Palmerston pensait encore « qu’une déclaration reçue, il y a quelques heures, » de la part de ces étranges amis du Danemark était rassurante pour l’intégrité des états du roi Christian IX. Dans la chambre des lords, le comte Russell tint un langage bien différent. Moins superbe que le premier ministre ou rendu plus circonspect par la pratique plus directe de M. de Bismark, le chef du foreign office se contenta de lire devant les nobles lords la dernière déclaration des deux puissances germaniques « en laissant à leurs seigneuries et à l’avenir le soin de déchiffrer le vrai sens de cette réponse… » Leurs seigneuries ne devaient pas tarder à être très complètement édifiées sur le sens de la note austro-prussienne du 31 janvier 1864.


Julian Klaczko.