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reprendre avec autorité son rôle naturel dans les affaires de la confédération germanique.

Il est une autre réconciliation que nous aurions plus à cœur encore, c’est celle de l’Italie et de la cour de Rome dans le domaine du spirituel. Malheureusement les documens publics ne nous apportent que l’annonce d’un premier échec dans les négociations qui ont été récemment essayées entre le pape et le roi Victor-Emmanuel. Nous nous croyons cependant autorisés à ne pas désespérer du succès final de ces tentatives quand nous voyons le ton de modération et de bonne foi qui règne dans le rapport du général La Marmora. La raison de l’intérêt que nous portons aux négociations entamées entre Rome et l’Italie est bien simple ; nous voyons dans le succès de ces négociations la garantie de la réalisation paisible de la convention du 15 septembre. Quand la cour de Rome et l’Italie auront montré qu’elles peuvent s’entendre sur les délicates questions du spirituel, que l’Italie ne veut point opprimer les intérêts catholiques, et que le pape sait accepter avec une résignation pieuse, en vue des intérêts religieux qui lui sont confiés, les faits accomplis qui ont pu froisser ses intérêts temporels, la France sera délivrée des responsabilités que lui impose son intervention, et l’exécution de la convention du 15 septembre ne pourra plus inquiéter les consciences. Nous demeurons convaincus que ni à Rome ni à Florence la pensée des négociations n’est abandonnée. Peut-être, par une tactique diplomatique usuelle, feint-on aujourd’hui à Rome et à Florence, après la suspension des négociations, plus de raideur dans certaines prétentions qu’on n’est disposé à en montrer jusqu’à la fin. Il ne nous appartient point d’indiquer les concessions mutuelles que devraient se faire les parties contractantes ; il nous semble que l’Italie, qui marche à la réalisation du principe de l’église libre dans l’état libre, pourrait être sans danger assez coulante. Quoi qu’il en soit, nous nous refusons à croire qu’on doive renoncer à la perspective que Pie IX a ouverte au monde en conviant lui-même Victor-Emmanuel à la pacification religieuse par une démarche aussi intelligente que généreuse.

Si l’on voulait un exemple du chemin moral que la cause italienne a fait dans le monde, l’Espagne nous le fournirait. Un ministère aujourd’hui, en Espagne, acquiert de la force et donne un signe de vitalité en annonçant qu’il est disposé à reconnaître le royaume d’Italie. On supposait que le duc de Valence avait une intention semblable quand il forma son dernier cabinet ; si cette hypothèse était exacte, l’ajournement de son dessein n’a point porté bonheur au général Narvaez. Espérons que le maréchal O’Donnell montrera plus de décision et de fermeté. Le ministère espagnol vient de renvoyer les cortès, qui ne sont jamais en Espagne la difficulté des cabinets. Nous n’avons point la prétention de donner au maréchal O’Donnell des avis sur la politique intérieure de la péninsule, soumise à des combinaisons dont la subtilité capricieuse nous échappe la plupart du temps ; mais nous ne pouvons nous empêcher de l’inviter à porter son attention