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tion des ports confédérés. Il n’y avait pas seulement pour le gouvernement des États-Unis, un grand intérêt à rentrer en possession du territoire que la sécession lui avait enlevé, il y avait aussi pour lui de nombreux et pressans motifs de fermer d’une manière définitive l’accès de la confédération aux navires étrangers. Le peu de navires en effet qui réussissaient à forcer le blocus servaient de prétexte aux ennemis des États-Unis pour conserver aux sudistes la qualité de belligérans et par suite leur prêter un appui moral d’une grande autorité. Il résultait en outre de cet état de choses des questions de droit international épineuses, irritantes, qui ne pourraient pas être entendues longtemps de la même façon de part et d’autre. Une fois les ports fermés, toutes ces difficultés tombaient ; les gouvernemens étrangers ne pouvaient plus avoir de rapports directs avec les autorités de Richmond, les officiers des navires de guerre européens ne pouvaient plus, sous prétexte de communiquer avec leurs consuls, demander à pénétrer dans les ports du sud pour y porter des paroles d’encouragement, le pavillon confédéré enfin ne pouvait plus loyalement être toléré sur les mers.

Toutes ces raisons, d’autres encore qu’il n’est pas de notre sujet d’énumérer, firent résoudre une série d’expéditions destinées à reprendre les ports du littoral des états séparatistes. Ce fut une nouvelle et importante tâche pour la marine, un nouvel appel fait à son énergie et à ses ressources, et qui donna lieu à de nombreux et de brillans combats. Excepté à Charleston, où l’amiral Dahlgreen, malgré de persévérans efforts, ne put réussir à occuper qu’une rive de la large embouchure qui forme la baie, tous les points importans du littoral, Roanoke-Island, Beaufort, le fort Fisher (Wilmington), Port-Royal sur la côte des Carolines, le fort Pulawski (Savannah) en Géorgie, Mobile dans l’Alabama et enfin la Nouvelle-Orléans furent successivement repris. Comme il fallait occuper les positions que l’on enlevait, un corps de débarquement joignit presque toujours ses efforts à ceux de la marine ; mais à l’exception du fort Fisher, emporté d’assaut, et du fort Pulawski, qui demanda un siège régulier, le rôle de la marine fut partout le principal.

A la Nouvelle-Orléans, les confédérés, confians dans les forts et les ouvrages accumulés sur le bas du fleuve, dans une flottille de rams et d’iron-clads, avaient laissé la ville elle-même dégarnie de troupes et sans défense. Pendant la nuit et malgré un feu épouvantable, l’amiral Farragut franchit tous les obstacles, disperse la flottille ennemie et paraît devant la ville, dont il s’empare. Les forts qu’il avait dépassés se trouvèrent tournés et durent capituler. A Mobile, nous retrouvons le même amiral Farragut, avec une petite escadre de six corvettes à hélice en bois et non cuirassées, six