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Comte Hamilton, ambassadeur de Suède à Copenhague, dès le mois d’août 1863[1] ; il est également sûr que la mort subite de Frédéric VII changea d’une manière notable les dispositions de la cour de Stockholm, qui dès lors ne voulut plus « mettre le comte Hamilton en état de procéder à la signature définitive du traité, » et il n’est pas non plus douteux que des « conseils » venus de Paris eurent une grande part dans ce refroidissement du roi Charles XV[2]. Rien de plus curieux du reste que les raisons que crut alors devoir donner M. de Manderström pour expliquer son soudain revirement. Dans sa dépêche au comte Hamilton du 2 décembre 1863, le ministre de Suède commençait par convenir qu’un traité d’alliance avait été préparé à la veille du nouveau règne ; il prétendait toutefois « que la situation avait subi un immense changement, non par suite du décès du feu roi, mais par d’autres circonstances qui l’avaient suivi ou qui en étaient résultées. » Jusque-là, argumentait M. de Manderström, il ne s’était agi que d’une exécution fédérale dans le Holstein, et la Suède avait bien pu songer à porter secours ; mais aujourd’hui c’était au démembrement complet de la monarchie danoise que visait l’Allemagne. « Peut-on dire, demandait victorieusement la dépêche suédoise, que le cas actuel soit le même, et que la situation soit identique à celle d’alors ?… » — « Il est vrai, ajoutait avec candeur le ministre du roi Charles XV, que du côté du Danemark on peut répondre que le cas actuel est plus extrême et plus dangereux encore. Nous ne le nions pas ; mais aussi le Danemark peut-il compter sur un appui plus prononcé, » c’est-à-dire sur l’appui des grandes puissances signataires du traité de Londres ? En d’autres termes, M. de Manderström avait trouvé juste et utile de prêter une assistance matérielle à la nation « amie » alors qu’elle n’était menacée que dans le Holstein et que le concours des grandes puissances n’était point à espérer ; mais, aujourd’hui que l’on s’attaquait à l’existence même de la malheureuse monarchie, « que le cas devenait plus extrême et plus dangereux

  1. On en trouve la minute dans la curieuse et importante publication qui a paru cette année même (1865) à Copenhague sous le titre Aktstykker vedkommende den danske-tydske strid (t. Ier, p. 87 seq.). C’est au même recueil que sont empruntées les citations suivantes des dépêches suédoises.
  2. Le comte de Scheel-Plessen, envoyé du Danemark près la cour de Stockholm, écrit ce qui suit à M. Hall, en date du 16 novembre 1863 : « Je sais par rapport à ce traité que le roi (Charles XV) a dit avant-hier (le 14, la veille du décès de Frédéric VII !) que des instructions partiront sous peu pour mettre le comte Hamilton en état de procéder à la signature ; je sais aussi que mon collègue de France conseille de ne rien précipiter à cet égard. Je me permets de mander à votre excellence ces données, puisqu’elles me semblent dessiner assez bien la situation du moment… » — Voyez Aktstykker, p. 87, note.