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30 parties de chacun des élémens carbone et hydrogène, puis le tétramylène, dont la molécule en contiendra 40 parties, et ainsi de suite. Cette génération croissante au moyen de la condensation du carbone pourra être appliquée à d’autres carbures d’hydrogène où les deux élémens ne se trouvent pas combinés suivant le même rapport que précédemment, et donner de la sorte naissance à une série parallèle de carbures. Si l’on prend comme point de départ le plus simple de ces carbures, celui où les deux élémens se trouvent dans des proportions représentées par des nombres pouvant fournir, par voie de multiplication et de soustraction, divers ordres de multiples, à savoir le formène ou gaz des marais, on réussira par tous les degrés de condensation à engendrer tous les carbures d’hydrogène imaginables.

Toutefois, dans la formation successive des corps qu’opère M. Berthelot, les deux élémens ne subissent pas toujours en même temps une condensation, comme cela s’observe pour l’amylène. Dans le plus grand nombre de cas, tandis que la richesse en carbone augmente, la proportion d’hydrogène reste stationnaire ou même diminue, il faut donc, alors qu’on condense le carbone, éliminer parfois successivement une proportion d’hydrogène. Les propriétés des corps sont si bien unies à la dose relative des élémens qui les composent, que dans les carbures d’hydrogène il suffit qu’une partie d’hydrogène ait disparu pour qu’on se trouve en présence d’un carbure nouveau ayant ses propriétés spéciales. Je ne m’étendrai pas davantage sur les recherches de M. Berthelot relatives à la synthèse de ces carbures. Qu’il me suffise de dire qu’ayant formé d’abord les plus simples de ces composés binaires, il obtint les autres carbures par la condensation de leurs élémens.

La fabrication artificielle des composés organiques binaires était donc démontrée possible ; elle était opérée dans une foule de cas. Il fallait maintenant gravir de nouveaux échelons du règne organique, arriver à un second étage, les composés ternaires. Ces composés, ils s’étaient déjà pour ainsi dire laissé forcer dans leurs retranchemens par la fabrication de toutes pièces de l’acide formique au moyen de l’acide cyanhydrique, due à M. Pelouze ; mais cette conquête n’avait été que le résultat d’une sorte de coup de main sur un ouvrage avancé mal défendu : il était nécessaire, pour arriver à foudre complètement le problème, de s’en prendre à ces substances, ternaires essentiellement organiques n’ayant pas dans le règne minéral de correspondans et qui constituent une catégorie, à part, car, leur synthèse opérée, on aurait la preuve la plus concluante que les composés organiques sont dus au jeu des mêmes forces qui produisent les phénomènes de la chimie organique. Entre