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tution consulaire, que parmi les vieilles choses qu’on peut avoir la fantaisie de restaurer celle qui a le moins de chance de plaire à la France de l’avenir est la résurrection du jacobinisme mâtiné d’absolutisme.

Jacobinisme à part, nous ne pensons point que peux qui se sont intéressés aux travaux intellectuels et à l’élaboration des systèmes politiques de notre époque puissent laisser passer sans un témoignage de regret la mort récente de M. Buchez. Quand on étudiera avec calme les variations de la pensée française à notre époque, on ne s’arrêtera point sans une sympathie respectueuse devant les images de ces curieux chercheurs de notre temps parmi lesquels M. Buchez a occupé un rang distingué. Il y a eu un moment singulier dans notre siècle où de belles âmes ont apporté une sorte de flamme religieuse dans la poursuite de la vérité politique. Il y a eu de nos jours des hommes qui ont été des chercheurs désintéressés et dévoués de vérités morales et sociales. M. Buchez a été de ceux-là. Il avait été, avec son ami Bazard, un des fondateurs du carbonarisme en France. Il fut ensuite frappé du nouveau christianisme de Saint-Simon. Plus tard, les tendances morales de la doctrine saint-simonienne le rebutèrent ; la réhabilitation de la chair répugnait à cette âme austère. Alors deux attractions s’emparèrent de son esprit : le christianisme et la révolution française. La démocratie évangélique et la ferveur épurée du génie révolutionnaire lui parurent se réconcilier. Il s’habitua bientôt à regarder la révolution française comme la réalisation du christianisme en politique. Ce travail d’idées, qui a fait depuis bien du chemin, était accompli et exposé par lui plusieurs années avant que M. de Lamennais en donnât la formule éclatante et populaire dans les Paroles d’un croyant. Ce zèle touchant de la vérité, ce génie de charité politique, allèrent sans doute se heurter à bien des erreurs ; mais peu importe : il y avait là une noble droiture de conscience, un admirable désintéressement, et en apprenant la mort de l’ancien président de la constituante, nous nous rappelions avec émotion le temps où au collège nous nous cotisions pour souscrire entre camarades un abonnement au journal de M. Buchez, l’Européen.

E. FORCADE.


ESSAIS ET NOTICES.
LA CHAMBRE DES COMMUNES D’APRES UNE STATISTIQUE ANGLAISE[1].


Tout récemment, l’attention publique se portait vers les élections anglaises, les agitations qui en sont inséparables. Dans la plupart des bourgs et dans plusieurs comtés, le débat électoral a roulé sur la réforme parle-

  1. Tableaux de la distribution actuelle de la chambre des communes en Angleterre par comtés, villes et bourgs (équitable Distribution of members of parliament, etc.), par David Chadwick, 1859-1865.