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UN
ROMANCIER SATIRIQUE
DE LA GRANDE-BRETAGNE

M. ALFRED AUSTIN

I. The Season, a Satire, 1861. London, G. Manwaring, éd. — II. My Satire and its Censors, id., id. — III. The human Tragedy, a Poem, 1862. London, Robert Hardwicke. — IV. An Artist’s Proof, a novel, 3 vol., 1864. London. Tinsley brothers.

Parmi les jeunes écrivains qui depuis trois ou quatre ans se sont fait un nom chez nos voisins d’outre-Manche, aucun n’est arrivé plus vite que M. Alfred Austin à ce résultat essentiel. Dès le premier pas, il était au but, c’est-à-dire qu’il s’était fait connaître, et, ce qui ajoutait à l’étrangeté de cette bonne fortune exceptionnelle, c’est qu’il en était redevable à une simple fantaisie de poète. Les poètes ne sont pas de nos jours habitués à faire tant de bruit, et bon nombre d’entre eux accepteraient pour salaire de longs travaux cette renommée qu’un jeune satirique venait de conquérir en se présentant à ses contemporains, comme Louis XIV devant le parlement ébahi, l’éperon sonnant, la cravache haute, en homme de haute race égaré parmi des manans.

Il s’agissait tout simplement d’une satire, d’une satire de mœurs, et le scandale fut sans doute pour quelque chose dans le prompt éveil de la curiosité publique. Avouons que, sous ce rapport, bien des gens, parmi lesquels nous nous comptons à regret, durent être un peu désappointés. L’hyperbole poétique de M. Austin, dans ses licences les plus désordonnées, n’atteint pas, il s’en faut, aux