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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 septembre 1865.

Bien que la convention de Gastein soit maintenant un fait aussi accompli, aussi vieux, aussi passé et trépassé que la moisson dernière, la pénurie des temps veut qu’à moins de mâcher à vide on s’en occupe encore. Cette convention possède une qualité éminente : elle est le plus européen des faits consommés cet été ; elle a un autre avantage, elle ne règle que ce qui s’appelle en latin tudesque un provisorium ; or, sur le provisoire, la discussion conserve tous ses droits. Si en France le superflu est chose nécessaire, le provisoire en Allemagne est chose éternelle. Les arrangemens de 1851 et 1852, qui disposaient de la condition des duchés de l’Elbe dans leurs rapports avec le Danemark, ont été controversés et ont duré pendant une douzaine d’années. Le provisorium convenu à Gastein entre les deux potentats germaniques a droit sans contredit a une existence non moins longue. Le public français s’était imaginé que le canon de Düppel le délivrerait à tout jamais de cette question du Slesvig-Holstein dont on lui avait tant rebattu les oreilles et où il n’avait jamais vu goutte. Pas du tout, cher public, il t’en sera parlé longtemps encore, et peut-être un beau jour seras-tu bien forcé par les événemens de la comprendre.

Notre gouvernement vient de dire son mot sur la combinaison austro-prussienne ; nous convenons que ce mot est fort bien dit. La circulaire de M. Drouyn de Lhuys, dont les journaux étrangers ont donné l’analyse, est aussi galamment tournée qu’un premier-Paris réussi. Il est impossible de résumer d’une façon plus directe, plus pressante et plus brève, les démentis donnés en cette circonstance par la Prusse et par l’Autriche à toutes leurs professions antérieures et à tous les engagemens de l’Allemagne dans cette question. La dépêche française prend acte avec une netteté très ferme des mobiles égoïstes qui ont dirigé dans cette transaction les deux grandes cours germaniques. Elle ne trouve à la convention prussienne d’autre fon-