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HUIT MOIS
EN AMÉRIQUE
LETTRES ET NOTES DE VOYAGE
1864 — 1865

II.
LE VIE DES EAUX. — LES LACS DU NORD.


New-York, 19 juillet 1864.

Je vois grandir autour de moi l’émotion causée par la guerre[1]. Le président des États-Unis vient de faire un nouvel appel aux armes de cinq cent mille hommes. Si dans le délai de cinquante jours les états n’ont point fourni leur contingent, la conscription remplira les cadres. Or il n’est rien que les Américains redoutent plus que la conscription : elle répugne à leurs mœurs, elle blesse leurs principes, elle touche à ce qu’ils ont de plus sensible et de plus obstiné. De tous ceux que le sort désigne, il en est bien peu qui ne se rachètent. La conscription, même ainsi transformée, reste encore un objet d’horreur. Le gouvernement fixe le contingent des états ; ceux-ci le répartissent entre les localités : alors commence la chasse au soldat. Les états empruntent, les municipalités s’imposent, les souscriptions affluent, le gouvernement fédéral lui-même offre une prime fixe de 200 dollars par homme. Comme toute chose nouvelle et improvisée,

  1. Voyez la Revue du 15 août.