Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 59.djvu/964

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

satisfaction sur tous les autres. Son principal argument était le danger qui résulterait d’une alliance offensive du taïkoun avec une puissance étrangère, pour opérer contre une partie de l’empire, alliance qui ne manquerait pas de soulever tout le pays. Rien ne put faire changer cette résolution, et après plusieurs conférences infructueuses les autorités étrangères, regardant, comme le meilleur parti celui qui rendrait inutile le second article de la convention de Paris, ne virent plus d’obstacles à la reprise de l’expédition suspendue. Les commandans en chef, après ce dernier sursis, se disposèrent donc de nouveau à l’appareillage. À d’infructueuses négociations diplomatiques allaient succéder d’importantes opérations militaires.


II

Le 28 août 1864, lorsque les commandans en chef des forces alliées se portèrent sur le détroit de Simonoseki, ils pouvaient appliquer à cette opération des moyens suffisans pour assurer le succès. Le contre-amiral Jaurès, emmenait dans la Mer-Intérieure la frégate la Sémiramis, la corvette le Dupleix et l’aviso le Tancrède ; le vice-amiral Kuper, la frégate l’Euryalus, portant son pavillon, un vaisseau à deux ponts, une frégate à roues, cinq corvettes et deux canonnières, plus un contingent de cinq à six cents soldats de marine. Quatre corvettes hollandaises étaient réunies sous les ordres du capitaine de vaisseau De Man. Enfin le ministre des États-Unis, pour faire figurer le pavillon dans l’expédition, avait affrété le vapeur de commerce le Ta-kiang, sur lequel s’embarquait un détachement de canonniers et de fusiliers pris à bord de la corvette le James-town, Cette dernière, étant le seul bâtiment de guerre dépourvu de machine ; restait mouillée sur rade de Yokohama, conjointement avec une corvette et trois canonnières anglaises. À terre, environ deux mille hommes de troupes, campés sur les hauteurs de la ville, assuraient celle-ci contre l’éventualité, d’ailleurs bien improbable, d’une attaque.

Le 28 août, plusieurs bâtimens de la division alliée prirent le large. Le Dupleix et le Tancrède étaient du nombre. Tous ces bâtimens naviguaient isolément, à part la remorque donnée aux canonnières ; ils avaient rendez-vous à Himesima, dans la Mer-Intérieure. Le 29 au matin, nous fîmes route avec la Sémiramis, naviguant de conserve avec l’Euryalus. Le reste de la division nous suivait, la moitié des bâtimens remorquant l’autre. Nous les perdîmes de vue dès le second jour de traversée. Le soir du troisième