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Bouncer et Argus, de l’aviso le Tancrède, capitaine Pallu, et de la corvette hollandaise la Méduse[1].

Nous appareillons à notre tour pour nous rapprocher, ainsi que l’Euryalus et le Conqueror, de la première division. Les trois navires mouillent à onze ou douze encablures des batteries situées en face de Tanaoura. L’amiral Jaurès se rendit à bord de l’Euryalus ; à ce moment, trois heures quarante minutes, comme les corvettes terminent l’opération d’embossage, les commandans en chef se décident à ouvrir le feu : un coup de canon, tiré de l’Euryalus, sert de signal ; la première division y répond par une bordée générale de toutes ses pièces.

Nos boulets sont à peine arrivés à terre que la côte ennemie se couvre de fumée sur toute sa longueur ; ce sont les Japonais qui, n’attendant que notre premier coup, viennent de riposter par une décharge générale. A côté des batteries reconnues la veille, il est facile de compter d’autres ouvrages dont on ne soupçonnait pas l’existence, notamment une batterie rasante à l’entrée de la vallée occupée l’année précédente par la Sémiramis. Des trois batteries de cette vallée et du grand ouvrage situé en face de Mozi-saki part un feu très vif, auquel ripostent non moins vigoureusement les corvettes ; autour d’elles, la mer blanchit sous le ricochet des projectiles. Une épaisse fumée enveloppe bientôt toute la scène ; fort heureusement une légère brise, soufflant du fond du détroit, vient renouveler l’atmosphère et permettre la continuation du tir.

Il est quatre heures environ lorsque la Sémiramis a terminé son embossage et présenté le travers aux principales batteries ennemies. Elle ouvre immédiatement sur ces ouvrages le feu de ses pièces rayées de tribord. Le tir, rectifié après les premiers coups, devient d’une grande justesse ; tandis que quelques boulets ennemis essaient en vain d’atteindre la frégate et viennent tomber à quelques encablures en avant, nos projectiles à percussion éclatent sur les batteries ennemies et écrêtent les parapets. A côté de nous, l’Euryalus a cassé son embossure, ce qui ne lui permet d’utiliser que trois ou quatre pièces en chasse ; mais devant le feu nourri de la Sémiramis et celui des corvettes, qui ne s’est pas ralenti un instant sous une pluie de projectiles, l’ennemi paraît céder peu à peu. Les quatre principales batteries ralentissent progressivement leur feu ; à partir de quatre heures et demie, elles n’envoient plus que quelques coups de canon à de longs intervalles.

Les défenses du cap Kousi ont opposé moins de résistance ; les

  1. À ce moment, un canot paraissant vouloir parlementer quitta la cote de Kousi-saki et essaya de communiquer avec l’Euryalus ; les navires, étant déjà à leur poste, il lui fut donné l’ordre de se retirer, ce qu’il fit avec précipitation.