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Dupleix, ripostent vigoureusement à l’ennemi, qui de nouveau abandonne ses pièces. Par malheur, ses premiers boulets ont causé quelques ravages : l’officier en second du Tartar a été gravement blessé ; plusieurs hommes ont été renversés sur le pont du Dupleix, le chef de timonnerie, en ce moment sur la passerelle, à côté du commandant de Franclieu, a eu la tête emportée par un boulet. Cet incident fait presser les préparatifs du débarquement ; les troupes désignées pour la descente représentent un effectif de deux mille hommes, appuyés de l’artillerie légère des embarcations et de quelques pièces de campagne : — environ trois cent cinquante marins-fusiliers pris à bord des trois navires français, sous les ordres du capitaine de vaisseau Le Couriault du Quilio, — quatorze cents marins et soldats de marine anglais, sous les ordres du capitaine de vaisseau Alexander, — deux cent cinquante marins hollandais. Un peloton de soldats de marine du Ta-kiang forme le contingent américain. Ces troupes se disposent dès sept heures dans les embarcations destinées à les porter à terre, et qui se rangent parallèlement à la plage ; elles doivent aborder, par le travers de notre mouillage, entre le cap Kousi et la vallée des Trois-Batteries.

Les préparatifs de l’embarquement du côté des Anglais, qui ont le plus grand nombre d’hommes, ne sont pas terminés avant huit heures et demie. A ce moment, les canots et chaloupes se mettent en marche, remorqués parallèlement, en petits groupes, par les bâtimens légers de l’escadre : — à gauche, les compagnies françaises destinées à former la tête de la colonne en marchant sur Simonoseki et les principaux ouvrages, remorquées par le Tancrède et le Ta-kiang ; — puis les Anglais remorqués par le Perseus, l’Argus et la Coquette ; — enfin les Hollandais par l’Amsterdam. Ces divers bâtimens lancent, tout en s’avançant vers la côte, de la mitraille sur le point vers lequel se dirige le convoi. La plage de débarquement forme une étroite ligne de sable de quelques mètres au pied d’un mamelon escarpé couvert de bois et de broussailles. A neuf heures, les troupes sont à terre, rangées en colonne sur la plage, lorsque les deux amiraux arrivent avec leurs états-majors ; ils donnent le signal de marcher en avant, et tandis que quelques compagnies gravissent le mamelon, nos marins, se portant à cinquante pas plus loin, pénètrent sans coup férir dans le premier ouvrage ennemi. Cet ouvrage, sur l’emplacement de celui que nous avions détruit l’année précédente, se compose de deux batteries : la première, armée de six pièces en bronze de 18 et 24, sur affûts de côte à pivot, et d’une pièce de campagne ; la seconde, située immédiatement au-dessus, sur la croupe du mamelon, armée de cinq pièces de côte. Les pièces n’ont pas été démontées par le tir de la