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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/1068

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libellule par-devant la taupe pasteur en robe noire, il y a aussi un mariage dans cette pièce ; mais quel mariage ! Il est digne de figurer parmi les inventions des revues dramatiques de fin d’année.

Et l’on mariait dans l’église,
Sous le myrte et le haricot,
Un œillet nommé Cydalise
Avec un chou nommé Jacquot.


Mais tout à côté de ces folies le vrai poète se retrouve aussitôt, comme dans cette dernière et charmante strophe par exemple :

Mon pas troubla l’église fée ;
Je m’aperçus qu’on m’écoutait.
L’églantine dit : c’est Orphée.
La ronce dit : c’est Colletet.

N’insistons pas sur des défauts trop apparens, acceptons cette bizarre petite pièce et en même temps tout le volume avec le sentiment de l’églantine et non avec le sentiment de la ronce.

La conclusion du volume, vous l’avez devinée sans doute d’après le discours du chêne démocratique. De même que le chêne, M. Hugo ne regrette rien du passé, et c’est avec une ferveur sans hésitation qu’il prononce les trois mots sacramentels de la formule révolutionnaire : liberté, égalité, fraternité. Néanmoins sa conclusion, toute démocratique qu’elle soit, n’a rien de politique ; elle est purement morale, ainsi qu’il convenait à un livre qui ne chante que la partie des sentimens humains la plus désintéressée des luttes sociales. M. Hugo n’a donc emprunté à l’opinion dont il est aujourd’hui un des plus fervens défenseurs que les doctrines qui pouvaient s’harmoniser avec son doux sujet, et, pour couronner d’une manière austère un livre qui parle de choses d’amour, il a emprunté à la démocratie un sentiment qui, s’il n’est pas un sentiment d’amour, n’en est cependant pas le contraire, la haine de la guerre. Au moment où il vient de traverser tant de doux rêves, d’accumuler tant d’images de paix et de grâce, le poète rencontre sur son chemin la fière réalité de la guerre, et il s’en détourne avec une horreur très compréhensible. C’est en effet un moment mal choisi que celui où l’on vient de se pencher sur le nid des oiseaux et de respirer les fleurs de la forêt pour comprendre la noblesse, l’austérité, la moralité de ce grand et inexorable fait. Du reste, cette haine a fort bien servi M. Hugo, car il lui doit peut-être la plus belle pièce de son recueil : La vérité dans le vin. Dans cette pièce, M. Hugo a cédé la parole à un faubourien en gaîté qui instruit le procès de la guerre avec la verve pittoresque et la forte vulgarité