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de serviteurs nouveaux. Une telle vue aurait suffi pour ramener le trouble dans son esprit. L’année écoulée, tout espoir de guérison était évanoui, et lord Wellesley, qui depuis longtemps supportait impatiemment l’autorité de Perceval, déclarait qu’il ne pouvait continuer à servir sous lui. Quoique les talens de lord Wellesley lui aient toujours donné plus de réputation que de crédit dans le parlement, il croyait le moment venu pour lui de passer à la tête du gouvernement. Il demandait la formation d’un cabinet sur cette double base, l’émancipation des catholiques et une impulsion plus vigoureuse imprimée à la guerre d’Espagne. La gloire naissante de son frère devait être à la fois l’instrument et le but de sa puissance personnelle; mais le prince aima mieux envoyer son frère le duc d’York aux deux lords whigs, qui cette fois encore ne jugèrent pas la proposition sincère ni sérieuse. C’était toujours une coalition à former avec le cabinet existant, et ils s’y refusèrent péremptoirement. Il paraît cependant que le prince aurait vraiment désiré leur concours, car leur refus l’irrita, et fut peut-être l’origine de la malveillance constante qu’il témoigna depuis lors à son ancien parti. Wellesley ne doutait pas que les cartes ne dussent lui revenir il s’attendait à former un cabinet où lui et Canning se seraient partagé la direction des deux chambres; mais sa démission était bien et dûment acceptée, les sceaux de secrétaire d’état des affaires étrangères étaient donnés à lord Castlereagh, qui les garda jusqu’à sa mort, et Perceval resta le maître.

Ce ne fut pas pour longtemps. Quelques mois après, Perceval était assassiné par un furieux dans le vestibule de la chambre des communes. Le ministère fut remis en question (mai 1812); mais il songeait à se maintenir en prenant pour chef lord Hawkesbury, maintenant lord Liverpool. On se serait adjoint volontiers Wellesley et Canning; mais ils refusaient, si l’émancipation des catholiques n’était admise en principe. On allait se décider à rester comme l’on était, quand le 21 mai la chambre vota, à quatre voix de majorité, une adresse pour la formation d’une forte et puissante administration. Lord Wellesley fut cette fois autorisé à présenter un plan de gouvernement. Lord Liverpool et ses collègues ayant à leur tour refusé d’y accéder, il proposa à Grenville et à Grey d’entrer dans une combinaison où trouveraient place lord Moira, lord Erskine et Canning, et d’y amener quatre de leurs amis, si le conseil était de douze membres, cinq s’il était de treize; mais Grenville et Grey ne virent dans cette association qu’un équilibre de forces contraires, et la guerre d’Epagne n’était pas pour eux sans objection. Wellesley se retira alors de la lice. Appelé à son tour, lord Moira ne fut pas plus heureux. Il donnait satisfaction aux whigs sur les princi-