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publique, une commission de membres du conseil privé, au nombre de vingt-deux, fut réunie, et elle approuva tout ce qui avait été précédemment réglé. La princesse saisit alors de toutes les pièces les présidens des deux chambres. A la différence du chancelier, l’orateur des communes en donna lecture, et, sans qu’aucune motion fût adoptée, le débat produisit un effet très défavorable au prince; on trouva qu’il aurait dû étouffer des démêlés fâcheux pour la dignité de la famille royale. Alors fut publié pour la première fois le rapport rédigé en 1806 sous l’administration de lord Grenville, après la délicate investigation. Cette publicité, qui avait été toujours redoutée par les amis de la princesse, tourna contre le prince. Dans toutes les discussions qui suivirent, ses procédés furent blâmés. On s’intéressa à celle qui en était victime; la Cité de Londres et d’autres autorités votèrent deux adresses en son honneur.

La prudence conseillait au gouvernement de laisser tomber ces tristes dissensions dans l’oubli; mais la haine du prince était active et implacable. En 1814, quand le roi de Prusse et l’empereur de Russie visitèrent l’Angleterre, il fit défendre par la reine à sa belle-fille de paraître à la cour, parce que sa volonté était de ne jamais la rencontrer. La chambre des communes fut entretenue de ce nouvel outrage elle ne prit nulle décision, mais plus tard elle assigna un revenu séparé et indépendant à la princesse. Dès son enfance, la jeune héritière de la couronne n’avait pas vu sans douleur tous les partis que prenait son père; elle avait même blâmé sa rupture avec les whigs. Quand il voulut la marier au prince d’Orange, elle résista, appuyée par sa mère, et comme on lui défendit de la voir, elle prit un fiacre un jour et se réfugia chez elle.

Cependant, malgré la popularité qu’elle devait surtout à son persécuteur, malgré les sentimens de sa fille, la princesse de Galles s’ennuya de la vie de contrainte et d’obscurité à laquelle elle était condamnée. Elle quitta l’Angleterre au mois d’août 1814, pour ne plus revoir sa fille, qui, mariée en 1816 au prince de Cobourg, mourut l’année suivante.

Lorsque, après un voyage en Allemagne, en Orient et de longs séjours en Italie, où elle avait tristement occupé la malignité publique, elle menaça de revenir en Angleterre, son mari était roi. Il avait obtenu de ses ministres qu’en vertu d’un ordre du conseil le nom de la reine fût omis dans les prières publiques, où il ne devait plus être question que du roi et de la famille royale. Cette omission avait pour but d’exclure la reine de la cérémonie du couronnement, et pour qu’elle s’y prêtât on lui faisait ce qui s’appelait autrefois un pont d’or. On lui offrait 1,250,000 francs par an à dépenser sur le continent; mais, tenant à ne point perdre ainsi son rang de reine