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au lendemain. Par conséquent elles ne peuvent les employer que de la même façon qu’ils leur ont été prêtés, c’est-à-dire à brève échéance aussi, pour escompter du papier de commerce ou faire d’autres opérations de ce genre. Elles ne peuvent pas les engager dans des entreprises industrielles sous peine de s’exposer à toute espèce de risques, d’abord au risque de compromettre les capitaux, si l’affaire est mauvaise, et ensuite à celui de ne pas les avoir disponibles quand on les redemandera, ou de ne les avoir qu’au prix d’une réalisation désastreuse pour l’institution de crédit et pour l’affaire dans laquelle les capitaux seraient engagés. Toutes les fois qu’une institution de crédit a fait faillite, et il y en a souvent des exemples en Angleterre, on trouve presque toujours dans son portefeuille la représentation d’intérêts pris dans une entreprise à long terme.

Il y a chez nous pourtant une institution de crédit fort célèbre, qui, contrairement à ces principes, s’est donné la mission de commanditer l’industrie et de procéder à la création et à l’administration d’entreprises de toute nature. Elle s’est assigné même une mission beaucoup plus large et plus difficile, celle de soutenir le crédit public. C’est l’institution du Crédit mobilier. Je ne veux pas dire qu’à l’origine cette institution n’ait eu sa raison d’être, son moment d’utilité. On était au lendemain d’une période révolutionnaire qui avait fort effrayé les capitaux. Il s’agissait de leur donner de la confiance, de les engager dans les affaires. C’est le service qu’a rendu le Crédit mobilier. Organisé sous le patronage et le prestige d’hommes considérables et habiles, il donna en effet une vive impulsion aux affaires. Beaucoup d’entreprises s’établirent sous ses auspices et à côté de lui, et il en résulta pour la France une ère d’activité qui eut d’excellens résultats. Cependant, il faut le dire, là s’arrête le mérite de cette institution; habile à donner une première impulsion aux affaires, elle ne l’a pas été autant lorsqu’il s’est agi de les diriger et de les administrer. Parmi les entreprises organisées sous son patronage, on en cite beaucoup que de cruels mécomptes sont venus frapper. Il faut en excepter cependant la Société parisienne du gaz et celle des omnibus. Ces sociétés, il est vrai, existaient déjà avant le Crédit mobilier; seulement elles étaient divisées et dans des situations diverses de prospérité. L’intervention du Crédit mobilier a eu pour effet de les réunir, de les fusionner, ce qui, je le reconnais, a été une bonne mesure pour ces deux sociétés et pour le public pour ces deux sociétés, en ce qu’elle les a affranchies de toute concurrence et leur a préparé un avenir plus brillant; pour le public, en ce qu’il a trouvé dans une organisation plus puissante un service meilleur et des conditions de bon mar-