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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/492

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projet du Mont-Cenis prit naissance, c’est-à-dire vers l’année 1845, le roi Charles-Albert songeait à l’exécution d’un chemin de fer à travers les Alpes centrales, et prenait à cet égard des arrangemens avec plusieurs cantons de la Suisse. Ces arrangemens se trouvent abrogés aujourd’hui par suite des profonds changemens qu’a subis la constitution fédérale en 1848 et des modifications que ces dernières années ont apportées à l’état politique de la péninsule italienne; mais ils témoignent de l’importance qu’avait prise à une époque ancienne l’idée du percement des Alpes helvétiques. En 1851, la Sardaigne concluait avec la Suisse un traité de commerce dont les stipulations ont été depuis lors étendues à la monarchie italienne entière. Par ce traité le gouvernement du roi Victor-Emmanuel s’assurait les bons offices de la confédération pour l’établissement d’une voie ferrée qui, partant du Lac-Majeur, franchirait le massif des Alpes. Depuis ce temps, bien des projets ont été mis en avant, bien des controverses ont été soutenues. Si tout le monde convient de la nécessité d’ouvrir une nouvelle communication entre 1’Italie et la Suisse, on n’est point encore tombé d’accord sur le tracé qui doit être choisi. Plusieurs passages ont été étudiés et proposés. Ceux qui sont actuellement traversés par des routes ordinaires s’offraient en première ligne aux ingénieurs; mais en dehors de ceux-là mêmes on a cherché quels sont ceux qu’ont suivis les grandes armées qui, aux différentes époques de l’histoire, ont franchi les Alpes. On a évoqué le souvenir et cherché la trace des césars romains qui allaient dompter les barbares de la Germanie, ou des empereurs d’Allemagne qui venaient réduire l’Italie à l’obéissance. Les principaux passages sur lesquels l’attention publique a été appelée sont, en commençant par l’ouest, le Grand-Saint-Bernard, — le Simplon, — le Grimsel, qui conduit du canton de Berne dans le Haut-Valais, — le Saint-Gothard, qui relie Lucerne et la vallée de la Reuss avec celle du Tessin, le Lukmanier, qui joint les vallées du Rhin et du Blegno, — le Splugen, qui sert aujourd’hui de route postale entre Coire et Chiavenna, — enfin le Septimer, qui joint le centre du canton des Grisons avec la vallée de Bregaglia. Après une longue incertitude, il semble que la question soit maintenant près d’être résolue. Du moins l’opinion est formée en Suisse, et en Italie une commission administrative qui siège actuellement à Florence prépare les élémens d’une décision que le ministère compte soumettre au nouveau parlement. Il nous paraît donc opportun d’exposer ici les principales données d’un problème dont la solution est sans doute prochaine, et nous croyons qu’on peut dès maintenant prévoir quel sera le résultat de tant d’études et de tant d’efforts.