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authenticité douteuse, il est formé de sentences le plus souvent sans lien, par conséquent il a pu recevoir toutes les interpolations imaginables. Tous les livres canoniques de l’Ancien Testament, sauf les trois petits prophètes, Aggée, Zacharie et Malachie, sont antérieurs à la captivité de Babylone. Les vingt-deux derniers chapitres du livre attribué à Isaïe sont contemporains de cet événement, et ont été écrits par un prophète inconnu au moment où le retour des Israélites allait se faire en l’année 536. Jérémie et Ezéchiel étaient les derniers qui eussent prophétisé lorsqu’en 586, sous Nabuchodonosor, le temple fut détruit et les Juifs transportés au centre de l’empire assyrien. C’est donc dans la période qui suivit la destruction du temple que se formèrent parmi les Israélites les doctrines secrètes et les sectes par lesquelles ces doctrines se transmirent jusqu’à Jésus. Or cette formation ne peut s’expliquer que de deux manières, ou par un mouvement interne et spontané de l’esprit juif, ou par une influence venue du dehors. La première explication est peu vraisemblable, car, ces doctrines se trouvant en opposition formelle avec la loi mosaïque, celui qui le premier les aurait émises aurait trouvé des adversaires puissans dans les sadducéens conservateurs de la loi, et la lutte aurait laissé quelques traces dans l’histoire. Il n’en est pas de même quand l’action venue du dehors s’exerce peu à peu sur des individus isolés, car ils n’en sauraient être responsables. Or une telle influence a pu s’exercer sur les Israélites pendant les cinquante ans qu’ils ont passés en contact avec les peuples de l’Asie centrale. Nous voyons par le grand prophète inconnu de la captivité que l’édit de Cyrus rappelait les Israélites de tous les points du monde médo-perse où ils étaient dispersés. Quand ce roi eut conquis toute l’Asie occidentale et pris Babylone, il leur apparut comme un libérateur ; ils le jugèrent digne d’être appelé le Christ de Dieu, tandis qu’au même moment ils chargeaient de malédictions leurs anciens oppresseurs. Ainsi un lien d’amitié et de reconnaissance, par conséquent un échange d’idées, s’établit entre eux et les Perses, non-seulement dans Babylone, centre de la captivité, mais dans les autres parties de l’empire. Nous voyons que depuis cette époque les relations n’ont plus cessé d’exister entre les Israélites et les Médo-Perses, relations d’autant mieux suivies que la Judée était sur le passage des Perses allant en Égypte, pays qu’ils possédaient. Cet état de choses dura jusqu’à la conquête d’Alexandre, qui mit en mouvement toute l’Asie, ouvrit des voies nouvelles où elle se précipita, et concentra bientôt dans Alexandrie les idées et les doctrines du monde entier.

Puisque la doctrine secrète date de la captivité de Babylone et qu’elle n’est point née d’un mouvement interne et spontané du judaïsme, il ne reste plus qu’à chercher si dans la société persane il