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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 60.djvu/758

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des règles de prudence qu’elle s’est imposées dans l’intérêt de tous et où elle prendrait des billets à deux signatures qu’il lui serait impossible de contrôler, ce jour-là elle compromettrait son crédit, et, pour avoir été trop libérale à un moment donné, elle n’aurait plus de ressources dans les temps difficiles. Il ne faut pas oublier que la Banque est chez nous la clé de voûte du crédit ; c’est à elle qu’on s’adresse en dernier ressort lorsque toutes les caisses sont fermées, et si dans ces momens critiques la Banque peut tenir les siennes constamment ouvertes, c’est parce qu’elle s’est fait assurer par la troisième signature. Oui, ce sont des particuliers qui assurent une compagnie, mais ils l’assurent dans leur propre intérêt, car sans cette assurance ils ne trouveraient point de crédit le jour où ils en auraient le plus besoin. Cette question des trois signatures a été discutée en Angleterre dans toutes les enquêtes, et toujours elle a triomphé, toujours il a été reconnu que c’était une règle de prudence dont une banque générale comme la Banque d’Angleterre et la Banque de France ne pouvait pas se départir. Il n’y a qu’un remède à cette situation, c’est qu’il s’établisse beaucoup de maisons de banque, que les capitaux disponibles y affluent sous forme de dépôt, et alors par la force des choses et par la concurrence le prix de la commission diminuera.


III. — DU FONCTIONNEMENT DE LA BANQUE.

Le paragraphe de l’enquête relatif au fonctionnement de la Banque contient douze questions, dont les principales peuvent se résumer ainsi. — Quel est le rôle du capital social de la Banque de France ; s’il convient mieux que ce capital soit immobilisé en rentes, ou reste disponible ; quel moyen a la Banque pour défendre son encaisse, lorsqu’il est menacé ; si le meilleur est l’élévation du taux de l’escompte ; s’il ne serait pas possible de prévenir cette élévation, ou tout au moins de l’empêcher de trop varier, et si enfin il ne conviendrait pas d’imposer une limite maximum à cette variation ? Les autres questions concernent ou des points auxquels il a déjà été répondu, ou ne soulèvent que des questions accessoires sur lesquelles il me paraît inutile de porter la discussion. J’arrive aux questions essentielles. Quel est le rôle du capital de la Banque de France ?

En général, le capital de toutes les banques ne doit être qu’un capital de garantie. Si c’était avec leur capital seulement que les banques fissent des affaires, le chiffre en serait fort limité, beaucoup trop limité pour les services qu’elles sont appelées à rendre. Le propre d’une banque, a dit Ricardo, c’est de se servir des capitaux d’autrui. Elle a en effet une marge beaucoup plus ample pour ses