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voies ferrées tout le bénéfice qu’il est possible d’en retirer. Les critiques et les conseils abondent. Sans méconnaître les résultats acquis, on veut obtenir mieux encore. Les uns réclament des réformes destinées à améliorer tel ou tel des mille détails qui dépendent de l’exploitation ; les autres veulent une révolution radicale, qui supprimerait les compagnies et ferait passer les chemins de fer dans les attributions de l’état. Le champ de cette discussion est vraiment sans limites, et l’on risquerait de s’y égarer, s’il fallait en sonder tous les replis. Il vaut mieux s’en tenir aux points culminans, se borner aux questions simples et apprécier ce que l’organisation présente des chemins de fer donne au public au double point de vue de la célérité et de l’économie des transports. Cette étude est facilitée par les travaux de la commission d’enquête qui a été chargée, en 1861 et 1862, de recueillir les plaintes et les observations du public, d’entendre les explications des compagnies et de présenter ses conclusions[1]. Le rapport de la commission contient tous les élémens d’une appréciation équitable ; malheureusement il n’a reçu que la publicité restreinte que comportent les in-quarto officiels, et, s’il a éclairé le gouvernement, il n’a point pénétré assez avant dans l’opinion publique pour dissiper les erreurs, ni pour désarmer les injustes critiques, ni même pour encourager les vœux raisonnables que provoque l’exploitation des voies ferrées.

Occupons-nous d’abord des voyageurs. La vitesse des anciennes diligences était de 10 kilomètres à l’heure ; la vitesse moyenne par les chemins de fer étant de 40 kilomètres, il en résulte que les 75 millions de voyageurs ayant parcouru, en 1864, 3 milliards de kilomètres sur tout le réseau ont économisé 225 millions d’heures. Ce détail statistique, que nous empruntons à M. Perdonnet[2], traduit d’une manière saisissante le bénéfice que procurent les chemins de fer en ce qui concerne la vitesse. On ne s’arrête point cependant à cette comparaison rétrospective, et l’on demande une accélération générale, tant pour les trains express que pour les autres, en même temps que l’augmentation du nombre des trains ; on invoque l’exemple de l’Angleterre.

La vitesse moyenne des trains express anglais est de 60 kilomètres à l’heure, et celle des trains spéciaux qui transportent les malles atteint dans certains cas 70 kilomètres ; les trains ordinaires parcourent de 40 à 45, quelquefois même 50 kilomètres à l’heure. En France, si quelques trains express, notamment les trains de

  1. Enquête sur la construction et l’exploitation des chemins de fer, publiée par ordre du ministre des travaux publics, 1863. — On peut aussi consulter les chemins de fer en 1862 et 1863, par M. Eugène Flachat, et l’article chemins de fer, de M. Elphège Baude, dans le Dictionnaire des Arts et Manufactures.
  2. Traité élémentaire des chemins de fer, par M. A. Perdonnet, 4 vol. in-8o, 1865.