affaire qu’il nous paraît important de préparer le plus tôt possible la complète et décisive élucidation.
L’entreprise du Mexique est grave pour nous de deux façons. Elle est grave par les difficultés inhérentes à la fondation d’un gouvernement monarchique au moyen d’une grande et longue intervention militaire dans une contrée éloignée de deux mille lieues de nos rivages ; elle est grave par l’antagonisme d’intérêts et de principes qu’elle peut provoquer entre notre gouvernement et le peuple des États-Unis. Dès l’origine, les esprits sages avaient prévu et déploré les difficultés que notre création d’un empire au Mexique pouvait nous susciter avec la grande république américaine ; aujourd’hui ces difficultés existent, elles frappent tous les yeux. Elles ne sont point, nous nous hâtons de le dire, arrivées encore à l’état aigu, et c’est pour cela que nous croyons opportun que le gouvernement et le corps législatif les prennent en considération dès la discussion de l’adresse avec un calme bon sens et un viril esprit de justice.
Un examen approfondi et vraiment politique de la question du Mexique envisagée en elle-même aidera certainement le corps législatif et notre gouvernement à préparer la politique qui doit prévenir à jamais la calamité d’un antagonisme entre la France et les États-Unis. Pour nous guider dans la marche que nous avons à suivre, les raisons prépondérantes sont, grâce à Dieu, les raisons françaises. Même dans la question considérée au point de vue purement français, nous consentirions volontiers, pour notre part, à éliminer du débat plusieurs points essentiels. Nous ne parlerions plus du passé, des motifs accidentels de l’entreprise, des premières fautes diplomatiques et militaires de l’expédition, de ce qu’il y avait peut-être dans le projet primitif de chimérique et de contraire à ce qu’on pourrait appeler notre droit et à notre tradition révolutionnaires, qui répugnent à l’idée d’imposer par la force des armes à un peuple étranger une forme nouvelle de gouvernement ; nous renverrions aux limbes les erreurs et les fautes du passé. Nous ne nous occuperions que du présent et de l’avenir. Ici encore nous ne serions ni exigeans ni cruels. Vous avez fait un empereur du Mexique, dirions-nous : eh bien ! soit. Cet empereur a inauguré son règne depuis bientôt deux ans ; nous ne serons pas curieux : nous ne vous demanderons pas ce qu’il a fait et où il en est. Nous ne vous demanderons pas s’il a acquis la popularité qui lui aurait manqué au début, ou s’il a perdu celle qui l’aurait accueilli à son entrée dans Mexico ; nous ne vous demanderons pas s’il s’est livré aux travaux de cabinet plutôt qu’à la véritable action politique, et si vous êtes contens des gros volumes de lois que ce Solon a déjà édictés, pendant l’espace écoulé de son règne que lui-même a décoré du nom de période législative ; nous ne vous demanderons pas s’il est parvenu à rallier les partis, ou s’il demeure isolé au milieu des factions dédaigneuses et taciturnes ; nous ne vous demanderons pas s’il fait bon ménage avec les chefs de service français détachés près de lui. Si