Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 61.djvu/518

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais qui n’en ont pas moins contribué à répandre parmi nous la connaissance des écoles modernes. Pour achever de rappeler tout ce que M. Cousin a fait pour l’histoire de la philosophie, disons que depuis trente ans, à l’Académie des sciences morales, il suscite les recherches de la science et les fait porter successivement sur tous les points encore inexplorés par les concours d’où sont sortis tant d’ouvrages éminens. Le dernier témoignage de cette infatigable sollicitude a été la fondation récente d’un prix qui porte son nom, et qui sera consacré exclusivement à l’histoire de la philosophie ancienne.

Si l’on se demande maintenant quels sont les travaux qui se sont produits sous cette vigoureuse impulsion, nous serions embarrassé par le nombre même. Qu’il nous suffise de rappeler l’Essai sur la Métaphysique d’Aristote, de M. Ravaisson, l’Histoire de l’École d’Alexandrie, de M. Vacherot, les Études de philosophie grecque, de M. Ch. Lévêque, l’Histoire des idées morales dans l’antiquité, de M. J. Denis, l’Abeilard et le Saint Anselme, de M. de Rémusat, la Philosophie scolastique, de M. Haureau, le Roger Bacon, de M. Charles, l’Histoire de la Philosophie cartésienne, de M. F. Bouillier, l’Introduction aux œuvres de Spinoza, d’Emile Saisset, le Leibniz, de M. Nourrisson, l’Histoire de la Philosophie allemande, de M. Willm, et tant d’autres œuvres importantes que je ne puis citer, sans parler des traductions, des commentaires, des monographies surtout, dont la gloire revient à la Faculté des lettres de Paris, à laquelle on a reproché quelquefois de rester attardée dans les voies d’une érudition surannée, tandis qu’il n’est pas une des branches nouvelles de la critique qu’elle n’ait encouragée et récompensée dans les travaux du doctorat. Sans doute tout n’est pas fait encore : le monde oriental, malgré les beaux travaux de MM. Burnouf, Barthélémy Saint-Hilaire, Munck, Renan, etc., est un champ à peine défriche où la philosophie est obligée d’attendre les travaux préliminaires de la philologie. Il en est à peu près de même du moyen âge : nous commençons à l’épeler ; mais ce que nous savons n’est rien à côté de ce qu’il nous reste à savoir. En outre la philosophie de la renaissance attend encore son historien. D’intéressantes monographies, par exemple le Jordano Bruno de M. Bartholmess, le Ramus de M. Waddington, n’ont fait qu’exciter notre curiosité sans la satisfaire. Indépendamment de ces parties encore incomplètes, ce qui manque surtout à la France, c’est une histoire générale de la philosophie comme il y en a plusieurs en Allemagne. C’est là, nous le reconnaissons, le travail de toute une vie ; mais maintenant que les sources sont connues, que les grandes écoles ont été approfondies, une multitude de points particuliers