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de la Mer-Noire (tchernomorskié) en un seul corps qui prit la dénomination de division du Kouban (Koubanskaïa divitzia), et tous reçurent l’ordre de se transporter en avant sur les lieux que l’oukase leur assignait. Cet ordre, qui déplaçait des établissemens déjà anciens et florissans, excita d’abord le mécontentement et les murmures des troupes auxquelles il s’adressait, et notamment du régiment Khoperskii et des Cosaques de la Mer-Noire ; mais au bout de quelques semaines ce mouvement de mutinerie s’apaisa sans l’emploi d’aucune mesure grave de répression. Comme la continuation des opérations militaires n’était point subordonnée d’une manière absolue à la colonisation, il parut plus sage d’attendre que les récalcitrans acceptassent leur translation spontanément et sans conditions ; le déplacement en masse des régimens fut différé jusqu’à l’élaboration d’un nouveau règlement qui prendrait en considération les intérêts froissés et compenserait le dommage par une indemnité équivalente.

Ce nouveau projet, qui ne tarda pas à voir le jour, décidait que la province du Kouban tout entière serait colonisée depuis ses limites extrêmes au nord jusqu’à la grande chaîne et jusqu’à la rivière Mokoupsé, qui a son embouchure dans la Mer-Noire, en y comprenant les terres des Oubykhs et des Àbazes, situées au sud de cette zone et omises dans l’oukase précédent. Cette étendue de pays fut divisée en deux parts ; l’une, réservée aux Cosaques, renfermait la plaine ondulée qui s’étend au pied de la grande chaîne, ainsi que le revers septentrional de la montagne, sur une superficie de 136,000 deciatines (148,530 hectares) ; l’autre part, réservée aux montagnards internés, comprenait la contrée située plus au nord, entre la Laba et le Kouban, d’une contenance de 1,014,000 deciatines (1,148,795 hectares). Dans la portion des Cosaques se trouvaient des terres qui, par la richesse et l’excellence de leurs produits, sont sans égales dans tout l’empire. Les lots individuels furent fixés à 20 et jusqu’à 30 deciatines et calculés sur un nombre présumé de 17,000 familles, c’est-à-dire un peu plus de 100,000 immigrans de l’un et de l’autre sexe, d’après les calculs de M. de Fadeief. La répartition des colons à fournir par les divers corps de l’armée, etc., et appelés par le sort chaque année, fut fixée de la manière suivante :


Les troupes de la ligne du Kouban 14,000 familles.
Les Cosaques de la mer d’Azof. 800
Les Cosaques du Don 1,200
Les paysans des domaines de la couronne 2,000 —
Les soldats mariés de l’armée du Caucase 600
Total 17,000 familles.