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est possible que les premiers temps de l’application des nouveaux impôts paraissent durs aux Italiens ; mais, s’ils ont le patriotique courage de les supporter avec patience, la réaction favorable ne tardera point à se produire. Quand un raisonnable équilibre sera établi, le crédit italien se relèvera sur le marché européen, et tous les intérêts ressentiront promptement dans la péninsule l’heureuse influence d’une amélioration durable et progressive du crédit public.

Il serait désirable à plus d’un point de vue que l’Italie se hâtât de régulariser ses finances. Ce travail de restauration devrait être efficacement entrepris au moment où s’exécutera la convention du 15 septembre. En ce moment en effet, la tranquillité intérieure sera plus que jamais nécessaire à l’Italie, et l’ordre est difficile à maintenir dans un pays accablé d’embarras et de soucis financiers. La convention du 15 septembre fait sans bruit son œuvre. La cour de Rome s’y prépare avec une entière résignation ; notre livre jaune contient à ce sujet des informations intéressantes. Il est certain aujourd’hui que la cour romaine accepte le transfert de sa dette à l’Italie pour la part qui correspond aux provinces détachées des états de l’église. Quel que soit le biais qu’on adopte pour opérer cette division de la dette pontificale, l’effet pratique sera le même. La coopération de la cour de Rome à l’arrangement sera une reconnaissance implicite des faits accomplis au détriment du pouvoir temporel. De même le cardinal Antonelli paraît s’appliquer à réunir la petite force militaire jugée nécessaire pour le maintien de l’ordre dans le patrimoine de saint Pierre. La convention du 15 septembre va donc être exécutée. Cette transition d’un ordre de choses à un autre attirera sur l’Italie les regards du monde. Il faut que l’Italie à cette heure critique fasse bonne contenance. Le génie politique n’abandonnera point le peuple italien dans cette délicate épreuve ; nous y comptons. Cependant il y a lieu de regretter surtout dans ces circonstances la fin prématurée d’un de ces hommes, M. d’Azeglio, que l’Italie nouvelle comptait parmi les plus dévoués et les plus sages de ses conseillers. On ne peut point en passant rendre un hommage digne de lui à ce bon citoyen et à cet honnête politique. D’autres parmi ses compatriotes ont eu plus de finesse dans la combinaison des affaires et ont exercé plus de puissance sur les événemens ; mais le grand mérite de M. d’Azeglio, le trait par lequel il s’est montré supérieur aux hommes d’état italiens de ce temps, c’est d’avoir apporté dans la politique une franchise généreuse, une sorte de loyauté chevaleresque dont le charme sympathique demeurera attaché à sa physionomie historique. Si l’Italie avait besoin de quelque bon conseil au moment de l’échéance de la convention du 15 septembre, on regretterait que M. d’Azeglio ne fût plus là pour le lui donner.

Il y avait quelque temps que la Hollande ne nous avait pas fourni l’occasion de parler d’elle ; c’est par une crise ministérielle qu’elle attire notre attention. C’est d’un sentiment de susceptibilité constitutionnelle, qui pa-