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Moncada, et le premier secrétaire d’état Jean Lallemand, de cette négociation définitive, que le roi confia à l’archevêque d’Embrun et au premier président de Selve, auxquels il adjoignit Chabot de Brion. Il leur donna des instructions semblables à celles qu’ils venaient de recevoir de sa mère. — Voyant, disait-il, que l’empereur avait constamment persisté dans sa première résolution, qui n’avait fléchi devant aucune offre, considérant l’état de son royaume, dont sa mère l’avertissait chaque jour, et qui serait en danger d’un grand déclin à cause du bas âge et de la faiblesse de ses enfans, s’il était enlevé de ce monde, comme il y avait été exposé depuis deux mois et comme il le serait encore en demeurant en captivité et en ne respirant pas l’air de son pays, seul capable, avec la liberté, de le tirer de l’état d’affaiblissement où il était tombé, il engageait ses ambassadeurs non-seulement à renoncer de sa part au duché de Milan, au comté d’Asti, à la seigneurie de Gênes, au royaume de Naples, à toutes les prétentions des rois ses prédécesseurs sur l’Aragon, la Catalogne, le Roussillon, non-seulement à abandonner la suzeraineté de la Flandre et de l’Artois, à céder Tournay et le Tournaisis, Mortagne, Saint-Amand, la cité et le comté d’Arras, mais à restituer le duché de Bourgogne et ses dépendances, avec exemption de droit de ressort à la couronne de France. Il ne se bornait pas à les y inviter, il le leur commandait, et, de peur qu’ils ne se crussent pas le droit de le faire, il les déchargeait de toute responsabilité, s’ils lui obéissaient, et les menaçait de son animadversion, s’ils s’y refusaient. Il leur disait que c’était chose forcée pour arriver à sa délivrance. « Par là vous rendrez à nous et à notre royaume un service qui jamais ne sera oublié : si vous différiez au contraire de faire ce que vous commandons, vous nous feriez desservice, dommage et desplaisir irréparable[1]. »

Mais de même que les plénipotentaires français ne pouvaient être décidés à signer une pareille cession que s’ils y étaient contraints par le commandement royal, de même cette cession ne paraissait exécutable que si le roi était présent dans son royaume. Son retour devait y précéder une restitution si difficile à effectuer, et son autorité était seule capable d’amener ses sujets à y consentir. Il demandait toujours à épouser la sœur de Charles-Quint, à qui il donnerait ses deux fils aînés pour otages de la cession promise et entre les mains duquel il retournerait, s’il ne parvenait point à détacher le duché de Bourgogne de la couronne de France.

Cette fois Charles-Quint ne pouvait pas s’opposer à un mariage

  1. Instructions dernières du roi à ses ambassadeurs de France, décembre. — Captivité de François Ier, p. 420-430.