Si nous ne savions déjà, par des dates et des faits précis, à quel âge Goethe entreprit d’écrire la seconde partie de Faust, il ne faudrait pas un grand effort de sagacité pour le deviner[1]. À plusieurs signes, on peut reconnaître que c’est l’œuvre du génie vieillissant. Ce vaste poème ne se développe pas organiquement, à la manière d’un être naturel, naissant d’une idée comme d’un germe, rencontrant dans le sol propice, dans l’air environnant, les conditions de sa vie et de sa croissance, s’élevant par une gradation presque insensible à la hauteur que lui assigne son genre ou le génie du poète, sans que l’on sente à aucune phase de son développement l’effort de l’écrivain. Ainsi naissent spontanément les grandes productions du génie poétique, les œuvres vraiment douées du ciel.
- ↑ Voyez la Revue du 15 octobre, du 1er et 15 novembre 1865, du 1er février 1866.