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contingent de voyageurs ; à la fin du XIVe siècle, les expéditions se multiplient, et le XVe siècle n’est point achevé que les contours de l’Afrique sont acquis à la géographie : la plaine carrée du moine égyptien Cosmas et le rectangle de Strabon font place au triangle que nous connaissons. Au XVIe siècle, la colonne des voyageurs qui doit attaquer le colosse commence à se former ; mais les lignes sont trop étendues pour qu’elle puisse faire autre chose que poser des jalons. Au XVIIe siècle, une association créée à Paris sous le nom de Société française d’Afrique salarie des agens voyageurs. Cette excellente institution obtient peu de résultats par suite du mauvais vouloir des Portugais, qui, en leur qualité de premiers occupans, suscitent des entraves aux explorateurs étrangers. Dominés par une politique égoïste, ils refusent de faire entrer dans le domaine commun les connaissances géographiques qu’ils avaient acquises. Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, le zèle se ralentit pour se raviver vers la fin. De hardis voyageurs, Tellier, Brisson, Rombaud, Picard, embrassent la zone occidentale de ce continent du nord au sud. L’Angleterre fonde la Société africaine de Londres destinée à imprimer un mouvement d’ensemble aux nombreuses tentatives dont l’Afrique est l’objet : ses premiers mandataires, au nombre de six, ne remplissent qu’imparfaitement leur mission ; l’un d’eux périt avant d’arriver à Bambouc, à l’est de la Sénégambie. Le célèbre Mungo-Park inaugure le XIXe siècle par deux voyages dans les mêmes régions et se noie dans le Niger, non loin de Boussa. L’Allemand Roentgen est assassiné près de Tombouctou, puis viennent deux Anglais qui tombent victimes du climat sur les bords du Nunez. Tuckey périt également avec ses dix-sept compagnons en voulant remonter le cours du Congo (1816). À partir de cette époque, le nombre des explorateurs devient trop considérable pour qu’on puisse les nommer tous ; le mouvement, jusque-là plus commercial que scientifique, change de caractère : la science va lui imprimer une puissante impulsion et en coordonner les résultats. Trois courans de voyageurs se dirigent vers ce redoutable continent : l’un remonte la vallée du Nil pour en étudier le cours et faire la topographie des contrées qu’il arrose ; le second pénètre dans l’Afrique par la côte occidentale et serpente dans cette vaste zone qui, s’étendant entre le désert de Sahara et l’équateur, se prolonge à l’est jusqu’aux frontières de la Nubie ; le troisième courant embrasse le sud de l’Afrique, c’est-à-dire ce triangle isocèle dont l’équateur est la base et dont le cap de Bonne-Espérance est le sommet. Cette dernière phalange est aussi nombreuse que les précédentes. À partir de Le Vaillant ; l’on compte plus de dix voyageurs qui ont exploré cette partie du continent et ont livré à la publicité les résultats de leurs expéditions. Après eux viennent le missionnaire anglais